Introduction
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique chronique dont le diagnostic reste difficile en raison de la non‑spécificité de ses premiers signes, souvent confondus avec d’autres affections. Une équipe canadienne menée par la Dre Helen Tremlett (Université de la Colombie‑Britannique) a étudié l’évolution des recours aux soins précédant l’apparition officielle des symptômes de la SEP.
Méthodologie et périmètre de l’étude
Les chercheurs ont réalisé une analyse rétrospective des dossiers médicaux de plus de 12 000 personnes, couvrant jusqu’à 25 ans d’historique avant les premiers symptômes. L’étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, met en évidence une augmentation progressive et ordonnée des consultations dans différentes spécialités.
Chronologie des signes avant‑coureurs
- 15 ans avant : hausse des consultations en médecine générale pour fatigue, douleurs, vertiges et troubles de santé mentale (anxiété, dépression).
- 12 ans avant : augmentation des visites chez les psychiatres.
- 8 à 9 ans avant : multiplication des consultations chez les neurologues et les ophtalmologistes, souvent pour des troubles visuels (vision floue, douleurs oculaires).
- 3 à 5 ans avant : recours accru aux services d’urgence et à la radiologie.
- 1 an avant : pic des consultations dans plusieurs spécialités, notamment en neurologie, en médecine d’urgence et en radiologie.
Interprétation : une phase prodromique étendue
Ces observations soutiennent l’existence d’une phase prodromique longue de la SEP, durant laquelle des symptômes non spécifiques apparaissent sans permettre d’identifier clairement la maladie. Les manifestations liées à la santé mentale figurent parmi les premiers signaux possibles au cours de cette période.
Limites et implications cliniques
La présence de ces symptômes généraux chez un individu ne signifie pas qu’il développera une sclérose en plaques. Les résultats décrivent des associations et non une relation causale. Une meilleure compréhension de cette phase précoce pourrait toutefois favoriser un repérage plus rapide des cas à risque et optimiser la prise en charge, en particulier l’orientation vers une évaluation neurologique adaptée.
Conclusion
La mise en évidence d’une phase prodromique de la SEP, caractérisée par un accroissement des consultations pour des symptômes variés jusqu’à 15 ans avant le diagnostic, ouvre la voie à des travaux visant à affiner les critères de repérage précoce et à améliorer les interventions précoces.
Sources : University of British Columbia ; JAMA Network Open.