Contexte
Le président de la République a nommé Sébastien Lecornu Premier ministre après la démission du gouvernement de François Bayrou, renversé par un vote de l'Assemblée nationale. La nomination a été annoncée le 9 septembre 2025 et la passation de pouvoirs s'est tenue le 10 septembre 2025 à midi à Matignon.
Nomination et passation de pouvoirs
Sébastien Lecornu a reçu les pouvoirs de François Bayrou lors d'une brève cérémonie à Matignon. Dans une déclaration sur le perron, il a annoncé qu'il engagerait des consultations avec les forces politiques et syndicales et a évoqué des "ruptures" "dans la méthode" et "sur le fond" pour tenter de sortir de l'impasse politique.
Le président a chargé le nouveau Premier ministre de consulter les partis en vue de "bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois" et de proposer ensuite une composition gouvernementale.
Missions et priorités affichées
Les priorités confiées publiquement à Sébastien Lecornu incluent la préparation et l'adoption du budget pour 2026, la préservation de la stabilité institutionnelle et la défense de l'indépendance nationale. Le président a demandé qu'il engage des discussions pour rechercher des accords avec les formations politiques représentées au Parlement.
Dans ses premières interventions, le Premier ministre a indiqué qu'il allait recevoir les dirigeants des principales formations politiques et des organisations syndicales dans les jours suivant sa nomination.
Réactions et enjeux parlementaires
La nomination a suscité des réactions contrastées des formations politiques.
- La France insoumise a annoncé qu'elle déposerait "dès le premier jour de la session parlementaire" une motion de censure, fondée sur l'article 49.2 de la Constitution si le gouvernement ne demandait pas la confiance de l'Assemblée.
- Le Parti socialiste a exprimé ses réserves et demandé au nouveau Premier ministre de renoncer au recours à l'article 49.3 pour marquer un changement de méthode. Le PS a en outre indiqué qu'il n'entendait pas rejoindre l'exécutif mais qu'il était prêt, selon ses responsables, à négocier sur des concessions précises.
- Le Rassemblement national et La France insoumise ont dénoncé la proximité entre le président et le nouveau chef du gouvernement, certains responsables menaçant de déposer une motion de censure en l'absence d'un changement de cap politique.
- Les Républicains et des personnalités du centre ont déclaré leur disponibilité pour des discussions, en insistant sur la nécessité d'un contrat de gouvernement clair.
L'enjeu immédiat demeure la recherche d'une majorité, ou à tout le moins d'une non-censure du Parti socialiste, nécessaire pour faire adopter le budget de l'État.
Mobilisation sociale le jour de la prise de fonctions
La passation de pouvoirs a eu lieu le même jour qu'une journée d'actions appelée "Bloquons tout". Selon le ministère de l'Intérieur, des actions ont été recensées sur le territoire et le ministère a indiqué, à mi-journée, avoir recensé 29 000 participants sur 430 actions. Le ministère a également fait état de plusieurs interpellations (chiffres communiqués publiquement au cours de la journée).
Les autorités ont déployé des forces de sécurité pour encadrer les manifestations et prévenir des blocages d'infrastructures.
Parcours et profils professionnels rappelés
Sébastien Lecornu est décrit dans les communiqués et reportages comme un ministre présent dans les gouvernements successifs depuis 2017. Il a occupé plusieurs portefeuilles ministériels, notamment l'Écologie, les Collectivités territoriales, l'Outre-mer, puis le ministère des Armées à partir de 2022. Il est âgé de 39 ans et a été élu à divers mandats locaux et nationaux au cours de sa carrière.
Ses partisans et certains parlementaires l'évoquent comme un négociateur capable de dialoguer avec différents groupes parlementaires, tandis que ses opposants soulignent sa proximité avec le chef de l'État.
Organisation du cabinet et premières nominations
Le nouveau Premier ministre a constitué une ossature de cabinet comprenant, selon des annonces et informations reprises par la presse, Philippe Gustin comme directeur de cabinet, avec des collaborateurs pressentis pour des postes centraux (directeur de cabinet adjoint, chef de cabinet, pôle parlementaire, communication). Ces nominations ont été présentées comme des choix de collaborateurs ayant déjà travaillé avec lui dans différents ministères.
Enjeux immédiats et défis
Les principaux défis identifiés pour le nouveau gouvernement sont :
- Obtenir une marge de manœuvre parlementaire suffisante pour faire voter le budget annuel.
- Apaiser ou gérer les mobilisations sociales liées au contexte budgétaire et aux demandes de justice sociale et fiscale.
- Construire une majorité stable ou des accords d'étape sur des textes essentiels.
- Composer une équipe gouvernementale acceptée par les partenaires politiques nécessaires à la gouvernabilité.
Synthèse
La nomination de Sébastien Lecornu constitue une décision du président visant à confier la mission de former un gouvernement et de négocier des accords parlementaires. La phase initiale de son mandat s'est ouverte par des consultations annoncées, des réactions politiques adverses incluant la menace d'une motion de censure, et une journée de mobilisation sociale le même jour que sa prise de fonctions. Le succès de son action dépendra des négociations parlementaires et des choix politiques à venir, notamment sur le budget.