Contexte
Le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) est conçu pour l'enfouissement profond de déchets radioactifs à Bure (Meuse). Il vise à placer des colis de déchets à environ 500 mètres de profondeur dans des alvéoles souterraines. Le projet a été lancé en 1991 et l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a déposé un dossier de demande d'autorisation de création début 2023. La capacité prévue est d'environ 83 000 mètres cubes, la moitié de ce volume étant déjà produite. Les types de déchets prévus pour ce stockage comprennent des déchets de « haute activité » et des déchets de « moyenne activité à vie longue ».
Avis de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR)
L'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a remis un avis technique de synthèse issu d'environ 30 mois d'instruction et de travaux d'expertise. Cet avis synthétise trois avis intermédiaires rendus en 2024 et 2025. L'ASNR estime que, « sur de nombreux points », l'évaluation préliminaire de sûreté présentée par l'Andra dans son dossier est satisfaisante.
Points de vigilance identifiés
L'ASNR a identifié plusieurs éléments nécessitant des compléments et des démonstrations supplémentaires au fil des jalons du projet :
- Performance des ouvrages de scellement des galeries souterraines.
- Vitesse de corrosion des conteneurs métalliques destinés aux déchets de haute activité.
- Maîtrise du risque d'explosion dans les alvéoles de stockage.
- Maîtrise du risque d'incendie associé aux colis de déchets bitumés, en raison du risque d'échauffement de boues radioactives conditionnées dans du bitume.
L'autorité demande que l'Andra apporte des éléments complémentaires lors des étapes ultérieures du dossier et des essais prévus.
Procédure réglementaire et calendrier prévisionnel
Selon l'instruction présentée, l'avis de l'ASNR marque l'aboutissement de l'instruction technique du dossier d'autorisation de création. Le projet peut être soumis aux consultations obligatoires de l'enquête publique au cours du second semestre 2026. La décision gouvernementale d'autorisation de création relève d'un décret pris en Conseil d'État, avec une décision envisageable au mieux en 2028.
En cas d'autorisation, l'exploitation devrait débuter par une phase pilote permettant d'effectuer des essais et de vérifier la réversibilité et la démonstration de sûreté. La mise en service progressive est prévue à l'horizon 2050, date à laquelle sont programmées les premières descentes de colis radioactifs. La durée totale des phases de construction, d'exploitation et de fermeture est prévue sur plusieurs décennies; la fermeture définitive est envisagée dans le cadre du phasage présenté par l'Andra.
Champ d'application et limites prévues
Le site a été dimensionné pour accueillir les déchets existants et futurs des installations nucléaires autorisées à la fin de 2016. Les déchets éventuels issus de nouveaux réacteurs au-delà de ce périmètre ne sont pas inclus dans l'autorisation initiale et porteraient sur une extension nécessitant une nouvelle procédure d'autorisation.
Contestation et recours
Le projet est soumis à des contestations de la part d'associations environnementales et de collectifs locaux. Un recours commun a été déposé en septembre 2022 devant le Conseil d'État par un collectif d'associations et de syndicats et des riverains.
Suivi et jalons futurs
L'ASNR précise que les jalons successifs du projet constitueront des occasions de fournir des éléments techniques complémentaires et d'effectuer des vérifications. Les étapes réglementaires et techniques à venir incluent l'enquête publique, les compléments demandés à l'Andra, la phase pilote d'exploitation et les contrôles associés avant toute montée en charge du stockage.








