Contexte
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a saisi le tribunal judiciaire de Nanterre pour demander la suspension temporaire de la commercialisation des bouteilles Perrier, marque de Nestlé Waters. La saisine a été engagée en référé, avec une procédure d'urgence initiée au printemps. Une audience s'est tenue le 24 septembre et le tribunal a mis sa décision en délibéré au 18 novembre.
Demande de l'association
L'UFC-Que Choisir réclame des mesures provisoires visant au retrait du marché et au rappel des produits, à l'interdiction de commercialisation et à la cessation, selon elle, de pratiques trompeuses liées à la présentation des eaux Perrier comme « eau minérale naturelle ». L'association demande également la communication d'éléments techniques et documentaires.
Arguments de l'UFC-Que Choisir
L'association soutient que les eaux Perrier, présentées comme « minérales naturelles », auraient subi, sur certains sites, des traitements — notamment ultraviolets et charbon actif — interdits pour des eaux portant cette dénomination. Elle invoque par ailleurs des épisodes de contamination détectés sur certains forages, notamment après de fortes pluies, et s'appuie sur un changement récent de microfiltration, avec des filtres passant de 0,2 micromètre à 0,45 micromètre.
Réponse de Nestlé Waters
Nestlé Waters conteste les allégations et affirme opérer sous le contrôle des autorités sanitaires. Le groupe indique que les épisodes de contamination identifiés étaient ponctuels et concernaient des puits désormais suspendus, et qu'il met en œuvre des mesures correctives lorsque des anomalies sont constatées. Lors de l'audience, la défense a souligné que certains dispositifs techniques visés avaient été modifiés depuis le dépôt de la saisine.
Éléments administratifs et techniques
Des articles publiés début 2024 ont rapporté l'usage ancien, sur certains sites, de traitements tels qu'ultraviolets et charbon actif, présentés par la filiale comme des mesures destinées à garantir la sécurité sanitaire. La réglementation applicable aux eaux minérales naturelles interdit les désinfections ou traitements susceptibles d'altérer les caractéristiques de l'eau. Par ailleurs, le 7 mai, la préfecture du Gard a demandé le retrait d'un dispositif de microfiltration de 0,2 micromètre, estimé par l'Agence régionale de santé Occitanie comme susceptible de modifier le microbiome de l'eau produite.
Points sanitaires relevés
Des contaminations bactériennes, décrites dans certains constats comme d'« origine fécale », ont été identifiées à plusieurs reprises sur certains forages utilisés pour Perrier, notamment après des épisodes pluvieux. Les autorités et l'entreprise ont toutefois précisé que, selon les éléments disponibles à ce stade, les bouteilles commercialisées jusqu'alors n'ont pas présenté de risque sanitaire identifié pour les consommateurs.
Suite judiciaire
Le tribunal a entendu les arguments des parties et a mis sa décision en délibéré au 18 novembre. Les points techniques et administratifs — traitements antérieurs, dispositifs de microfiltration et constats de contamination — figurent parmi les éléments examinés dans le cadre de la procédure. La décision du tribunal est attendue et pourra influencer la commercialisation et l'étiquetage des eaux concernées.