Décision du tribunal et contexte général
Le tribunal des activités économiques de Paris a approuvé, le 4 août, le plan de sauvegarde accélérée d’Altice France, maison mère de l’opérateur SFR. Cette décision comprenait l’accord de restructuration de la dette du groupe, sans suivre la recommandation du ministère public qui, à la demande des syndicats, souhaitait exclure trois filiales du plan, dont SFR, SFR Fibre et Completel. Le tribunal a inclus ces sociétés parmi les huit filiales désignées comme « garants » par l’accord.
Détail de la restructuration financière
Altice France, détenue par Patrick Drahi, était confrontée à une dette de 24,1 milliards d’euros. Le plan validé permet de réduire la dette d’environ 8,6 milliards d’euros pour atteindre 15,5 milliards d’euros. En contrepartie, les créanciers obtiennent 45 % du capital de la société, tandis que la majorité de contrôle demeure entre les mains de Patrick Drahi (55 %). Parmi les créanciers figurent plusieurs fonds internationaux majeurs. L’échéance principale de remboursement de la dette est repoussée à 2029. La réalisation effective de la transaction est prévue entre septembre et octobre, sous réserve de l’épuisement des délais de recours.
Réactions et oppositions syndicales
Les représentants syndicaux et le comité social et économique (CSE) ont exprimé des inquiétudes quant à l’impact du plan sur certaines filiales. Selon eux, ces filiales ne sont pas endettées, n’ont pas contracté de dettes auprès des créanciers concernés, mais doivent tout de même garantir le remboursement global. Les syndicats évoquent un risque de démantèlement, de vente d’actifs et de suppressions d’emplois, indiquant leur intention de faire appel de la décision du tribunal. Ils estiment que l’intégration de ces sociétés dans le plan ne leur apporte aucun bénéfice.
Position de la direction et perspectives futures
La direction d’Altice France qualifie l’opération d’exclusivement financière, affirmant qu’il n’existe pas de projet de vente en cours concernant SFR ou les autres filiales. Arthur Dreyfuss, PDG du groupe, a indiqué qu’aucune offre, y compris indicative, n’avait été reçue pour une éventuelle cession. Néanmoins, le secteur des télécommunications s’intéresse à une éventuelle recomposition du marché, comme en témoignent les déclarations de responsables d'opérateurs concurrents. Le groupe avait précédemment choisi d’anticiper sa prise de décision afin d’éviter une situation de défaut de paiement.
Conséquences et enjeux sectoriels
La validation du plan de restructuration ouvre la possibilité pour Altice France de poursuivre ses activités tout en allégeant son endettement. Cependant, l’opposition des syndicats, l’éventualité d’appels et les discussions autour d’éventuelles ventes d’actifs ou de consolidation du secteur maintiennent l’incertitude sur l’avenir des différentes entités du groupe et de leurs effectifs.