Chiffres globaux
En 2024, les 100 plus grands fabricants d'armes ont enregistré des ventes totales de 679 milliards de dollars (environ 586 milliards d'euros), soit une hausse de 5,9 % par rapport à 2023, d'après le rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Sur la période 2015–2024, les revenus agrégés de ces fournisseurs ont progressé de 26 %.
Répartition régionale
Les États‑Unis restent le premier bassin de fournisseurs : 39 des 100 entreprises y sont basées, totalisant 334 milliards de dollars de revenus en 2024, en hausse de 3,8 %. En Europe, les 26 plus grandes sociétés ont dégagé 151 milliards de dollars, soit +13 %, soutenues par les livraisons à l'Ukraine, la reconstitution de stocks et des programmes de modernisation.
La région Asie‑Pacifique a connu une baisse globale de 1,2 %, à 130 milliards de dollars, avec des déclins pour certains fournisseurs chinois et des hausses pour des groupes japonais et sud‑coréens. Au Moyen‑Orient, neuf entreprises figurent parmi les cent premières ; trois israéliennes ont réalisé 16,2 milliards de dollars, en hausse de 16 %.
Facteurs de demande
Le rapport attribue l'augmentation des ventes à la demande liée aux conflits en Ukraine et dans la bande de Gaza, à la réapprovisionnement des stocks par les alliés et aux programmes de modernisation militaire en Europe.
Chaînes d'approvisionnement et contraintes industrielles
Plusieurs acteurs ont signalé des difficultés d'approvisionnement et des contraintes de production. Avant 2022, une part importante du titane utilisé dans l'aéronautique provenait de Russie ; la recherche de fournisseurs alternatifs a perturbé certaines chaînes. Par ailleurs, des restrictions chinoises sur l'exportation de minéraux critiques et de terres rares ont entraîné des réorganisations et des coûts supplémentaires.
Le rapport souligne que l'outil industriel de défense est fortement sollicité par le volume des commandes, mettant à l'épreuve les capacités de production et la disponibilité de main‑d'œuvre qualifiée.
Programmes en difficulté
Plusieurs programmes militaires majeurs ont subi des retards et des dépassements de coûts, notamment le chasseur F‑35, les sous‑marins de la classe Columbia et le programme d'ICBM Sentinel. En Europe, certaines entreprises ont restructuré leurs chaînes d'approvisionnement pour répondre à la demande accrue.
La République tchèque (Czechoslovak Group) a enregistré la plus forte progression individuelle du classement, avec une hausse de 193 % de ses revenus à 3,6 milliards de dollars, liée à un contrat de fourniture de munitions.
En Russie, les revenus combinés de Rostec et de United Shipbuilding Corporation ont augmenté de 23 %, à 31,2 milliards de dollars, la demande intérieure compensant la baisse des exportations, malgré des difficultés de recrutement.
Tendances et conclusion
Le rapport met en évidence une croissance soutenue des revenus des principaux fournisseurs d'armement sur la dernière décennie et une pression accrue sur les capacités de production et les chaînes d'approvisionnement, conséquence directe de la demande liée aux conflits et des changements dans les flux d'approvisionnement internationaux.








