Présentation générale
Les violences sexuelles visant les nourrissons concernent des enfants âgés de la naissance à deux ans. La Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof) a indiqué que 614 bébés ont été accueillis pour des faits de violences sexuelles dans une unité médico-judiciaire (UMJ) en 2024. Ces cas représentaient 2 % des 73 992 victimes de violences sexuelles et sexistes reçues dans ces unités selon la même source.
Caractéristiques des auteurs et contextes
Les personnes mises en cause sont majoritairement des hommes et se trouvent fréquemment dans l'entourage proche du nourrisson : membres de la famille, personnes du cercle familial élargi et professionnels en contact avec l'enfant. Les autorités et responsables d'enquête indiquent que les situations concernent toutes les classes sociales et différentes zones géographiques.
Difficultés de repérage
Plusieurs éléments compliquent la détection et la qualification des faits. Certaines agressions peuvent ne laisser aucune trace visible sur le corps du nourrisson : une fellation, l'introduction d'un doigt ou d'un objet fin peuvent ne pas provoquer de lésions externes. Les procédures judiciaires se heurtent donc souvent à l'absence de marques physiques permettant de caractériser l'infraction.
Des signalements effectués par des personnes proches, notamment des mères cherchant à protéger leur enfant, peuvent être minimisés ou interprétés comme excessifs, ce qui retarde ou entrave l'ouverture d'investigations.
Signaux cliniques et comportementaux
En l'absence ou en complément d'indices physiques, des signes comportementaux et de santé peuvent orienter vers une enquête : troubles du sommeil, refus d'être changé ou allongé, altération de la courbe de croissance (poids ou taille), immobilité inhabituelle, hyperréactivité aux bruits, hypervigilance ou position passive au moment du change. Ces signes constituent des indicateurs nécessitant une évaluation médicale et médico-judiciaire, mais ne suffisent pas à eux seuls à établir la réalité d'une agression.
Enquêtes et éléments complémentaires
Lorsque les preuves physiques font défaut, les enquêtes peuvent s'appuyer sur d'autres éléments recueillis lors des perquisitions, notamment des images de contenus pédopornographiques. Des affaires signalées dans des établissements de santé ont contribué à la mise en lumière du phénomène et à des procédures judiciaires.
Conséquences à moyen et long terme
Des professionnels signalent que des manifestations liées à un trauma subi dans la petite enfance peuvent apparaître des années plus tard. Ces manifestations peuvent inclure des troubles du comportement ou des expressions sexuelles inadaptées observables à l'âge préscolaire. Les trajectoires individuelles varient et nécessitent une prise en charge adaptée par des services médicaux et psychologiques.
Réponses institutionnelles et besoins identifiés
Des acteurs institutionnels, professionnels de santé et associations appellent à une meilleure prise en compte du phénomène par le système de santé, les autorités judiciaires et les pouvoirs publics. Les besoins identifiés incluent la formation des professionnels, le renforcement des protocoles de repérage et de prise en charge médico-judiciaire, ainsi que des dispositifs destinés à protéger les enfants signalés.








