Contexte : le siège de Sarajevo
Le siège de Sarajevo a commencé au début d'avril 1992, lorsque des forces serbes de Bosnie, après s'être partiellement réarmées à partir d'éléments de l'Armée fédérale yougoslave, ont encerclé la ville. Le siège a duré près de quatre ans et a fait, selon les autorités bosniennes, plus de 11 500 morts à Sarajevo. Le conflit en Bosnie-Herzégovine a, au total, été associé à un bilan humain bien supérieur.
Des tirs de snipers depuis les collines entourant la ville ont provoqué un nombre important de victimes civiles. La principale artère reliant plusieurs quartiers a été qualifiée par les médias internationaux de «Sniper alley». Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a souligné dans plusieurs jugements l'utilisation des tirs visant à terroriser la population civile. Au plan judiciaire, les condamnations prononcées après le conflit ont principalement visé des responsables politiques et militaires plutôt que des tireurs isolés identifiés et condamnés publiquement comme snipers étrangers.
Premières évocations d'un tourisme de guerre
Des allégations de «tourisme de guerre» avaient été évoquées dès le milieu du conflit. En 1993, des récits et comptes rendus d'interrogatoires mentionnaient, selon certaines sources, la présence de chasseurs étrangers se rendant à Sarajevo en compagnie de volontaires locaux, ainsi que l'idée que des "hommes riches" auraient payé des forces locales pour tirer sur des civils.
Le 1er avril 1995, le quotidien bosnien Oslobodjenje publia une une consacrée à ce thème, évoquant un «Sniper Safari à Sarajevo» et relayant des témoignages et des reportages de médias italiens. À l'époque, ces allégations n'ont pas, dans les archives publiques connues, donné lieu à des poursuites formelles abouties visant des tireurs étrangers identifiés.
Réapparition des accusations et démarches judiciaires récentes
Ces accusations ont été relancées plusieurs décennies plus tard à la suite de travaux journalistiques et de la diffusion d'un documentaire intitulé «Sarajevo safari», réalisé par Miran Zupanic et présenté lors d'un festival documentaire. Après la diffusion du film, la maire de Sarajevo, Benjamina Karić, a déposé une plainte, et le parquet bosnien a indiqué s'être saisi du dossier. Une enquête est annoncée par les autorités judiciaires bosniennes.
Parallèlement, des médias italiens ont rapporté l'ouverture d'une enquête au bureau du procureur de Milan concernant des voyages présumés de ressortissants italiens en lien avec des tirs sur des civils pendant le siège. Le journaliste italien Ezio Gavazzeni a déposé une plainte en Italie et a collaboré avec d'anciens magistrats pour constituer un dossier reposant sur des sources locales et des témoignages.
La maire de Sarajevo a également transmis une plainte à la justice italienne via l'ambassade d'Italie à Sarajevo et a pris contact avec des journalistes ayant formulé des accusations similaires en Italie. Les autorités judiciaires italiennes n'ont, pour l'heure, pas communiqué de détails publics sur l'avancement des procédures.
Enjeux factuels et judiciaires
Les enquêtes ouvertes visent à vérifier les allégations, à établir l'identité des personnes impliquées et à déterminer d'éventuelles responsabilités pénales. Les éléments rendus publics à ce stade comprennent des témoignages, des documents d'archives et des signalements aux parquets bosnien et italien. Les investigations doivent désormais déterminer la véracité des récits, la portée des responsabilités et la possibilité d'engager des poursuites pénales.
Des décisions de justice antérieures relatives au siège ont sanctionné des responsables et des commandements, mais n'ont pas abouti, jusqu'ici, à des condamnations publiques ciblant des tireurs identifiés comme snipers étrangers intervenant dans le cadre d'un tourisme de guerre.
Conclusion
Les accusations de «sniper safari» à Sarajevo relèvent d'allégations graves portant sur d'éventuels crimes commis pendant un conflit largement documenté. Les procédures judiciaires récemment ouvertes en Bosnie et en Italie cherchent à clarifier ces allégations. Tant que les enquêtes n'auront pas abouti, ces éléments doivent être considérés comme des accusations faisant l'objet d'investigations.








