Faits et verdict
Un tribunal de Belfast a acquitté un ancien soldat britannique, connu sous l'appellation "soldat F" pour des raisons d'anonymat, des deux chefs de meurtre et des cinq chefs de tentative de meurtre qui lui étaient reprochés. Le juge a déclaré l'accusé non coupable des sept chefs d'accusation en raison de l'insuffisance des éléments de preuve présentés au dossier. La décision a été rendue lors d'une audience où étaient présents des proches des victimes.
Charges et déroulement du procès
L'accusé était poursuivi pour les meurtres de James Wray et William McKinney ainsi que pour cinq tentatives de meurtre. Le procès, ouvert en septembre 2025, a donné lieu à des exposés contradictoires entre l'accusation et la défense sur l'identification et la fiabilité des témoins. Le "soldat F" a plaidé non coupable et n'a pas témoigné. Il a été maintenu sous anonymat pendant le procès.
Éléments de preuve et motivation du juge
Les principaux éléments retenus par l'accusation comprenaient des déclarations antérieures d'autres militaires présents lors des tirs. Le juge a estimé que les preuves soumises au tribunal n'étaient pas suffisamment convaincantes ni manifestement fiables pour permettre une condamnation. Il a souligné que, malgré les soupçons, la décision judiciaire était limitée par la qualité des éléments présentés au procès.
Déclarations de l'accusation et de la défense
Le représentant de l'accusation a soutenu que les tirs en cause avaient été effectués "sans justification" et "avec l'intention de tuer", ce qui, selon lui, constituait des éléments constitutifs d'un meurtre. La défense a mis en avant des contradictions entre différentes déclarations et des éléments contestés concernant l'identification de l'accusé comme auteur ou participant aux tirs.
Réactions
Plusieurs proches de victimes et responsables politiques ont réagi au verdict. La Première ministre d'Irlande du Nord a qualifié la décision de décevante pour les familles des victimes. Des membres de familles des personnes tuées lors de l'événement ont imputé des responsabilités à l'État et critiqué la conduite des enquêtes et procédures. Le ministère britannique de la Défense a indiqué prendre note du jugement et a déclaré qu'il tiendrait compte de la décision tout en réaffirmant son soutien au personnel qui a servi.
Contexte historique
Le 30 janvier 1972, à Derry (souvent appelée Londonderry), des militaires britanniques ont ouvert le feu lors d'une manifestation, entraînant la mort de treize personnes et des dizaines de blessés. Des enquêtes et rapports ultérieurs ont remis en cause certaines versions initiales des faits. En 2010, une enquête publique a conduit à une reconnaissance officielle et à des excuses formulées par un chef de gouvernement britannique.
Poursuites antérieures et suites judiciaires
Les poursuites pénales contre l'accusé ont été engagées initialement en 2019, interrompues puis relancées en 2022. Depuis la fin des violences connues sous le nom des "Troubles", le système judiciaire a traité différents dossiers impliquant des membres des forces de sécurité; la condamnation d'un ancien soldat en lien avec un incident de 1988 a été prononcée début 2023.
Contexte politique et social
L'événement de 1972 a eu des répercussions sur le climat politique et sécuritaire en Irlande du Nord. Les divisions entre courants républicains et unionistes ont structuré le conflit des décennies suivantes, aboutissant à des accords de paix à la fin des années 1990. Les questions de responsabilité, de justice et de mémoire restent présentes dans le débat public et juridique.








