Faits et découverte
Le corps de Grégory Villemin, âgé de quatre ans, a été retrouvé dans la Vologne (Vosges). L'enfant était pieds et mains liés. Dans les mois et années précédant sa mort, la famille Villemin a reçu des lettres et des appels anonymes de menaces.
Une lettre reçue après la découverte du corps contenait notamment le passage : « J'espère que tu mourras de chagrin le chef (…) Voilà ma vengeance. Pauvre con ». Des courriers antérieurs, datés de 1983, comprenaient des menaces telles que « Je vous ferez votre peau ».
Enquête et premières procédures
En novembre 1984, Bernard Laroche, cousin du père de Grégory, a été mis en cause puis inculpé. Il a été tué en mars 1985 par Jean‑Marie Villemin, le père de l'enfant. Christine Villemin a été mise en examen en 1985 puis a bénéficié d'un non‑lieu en 1993.
Des expertises graphologiques et d'autres investigations ont marqué les étapes suivantes de l'affaire. Une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication à Bernard Laroche.
Réouverture et expertises récentes
À partir des années 2000 et au cours des dernières décennies, de nouvelles expertises ont été ordonnées, notamment des analyses ADN et des comparaisons vocales pour tirer parti des progrès techniques. Des campagnes d'analyses ont été conduites à plusieurs reprises.
Des expertises réalisées en 2017 (graphologie) puis des études de stylométrie en 2021 et 2023 ont abouti, selon les juges enquêteurs, à l'attribution de certains courriers anonymes à Jacqueline Jacob. Ces expertises ont également conclu à l'existence de plusieurs auteurs des menaces, une hypothèse avancée par les experts indiquant l'existence de plusieurs « corbeaux » sur la période étudiée.
Une expertise vocale antérieure a estimé que la voix du corbeau correspondait à un homme âgé d'environ 45 à 55 ans. Le beau‑frère de Jacqueline Jacob a déclaré, après avoir écouté un enregistrement, penser avoir reconnu une voix lors d'une confrontation en 2022.
En mars 2024, la cour d'appel de Dijon a ordonné de nouvelles expertises ADN et de reconnaissance vocale.
Mise en examen de Jacqueline Jacob et éléments de l'audition
Le 24 octobre 2025, Jacqueline Jacob, âgée de 81 ans, a été entendue à la cour d'appel de Dijon en vue d'une mise en examen. À l'issue de l'interrogatoire, elle a été mise en examen pour "association de malfaiteurs" en vue de la préparation d'un enlèvement et a été laissée libre sans contrôle judiciaire.
Les juges enquêteurs retiennent des éléments qu'ils estiment compatibles avec l'hypothèse selon laquelle Jacqueline Jacob aurait participé à des envois de courriers anonymes et à des appels revendiquant le crime. Ils se fondent notamment sur des expertises graphologiques et de stylométrie, ainsi que sur des éléments de témoignage.
Positions des parties
La défense a annoncé son intention de faire appel de la mise en examen, "sur la forme et sur le fond". Les avocats de la défense ont contesté la valeur des expertises stylométriques et ont rappelé l'existence d'une expertise vocale antérieure indiquant un auteur masculin d'un âge estimé entre 45 et 55 ans. Ils ont aussi rappelé une précédente mise en examen de Mme Jacob en 2017 qui avait été annulée en mai 2018 pour vice de forme.
Les représentants des parties civiles et certains magistrats se sont appuyés sur les expertises récentes pour justifier la reprise d'actes d'enquête et la mise en examen. Le procureur général de la cour d'appel de Dijon a indiqué que la mise en examen constituait une étape procédurale et a évoqué le « risque juridique » lié à la prescription de certaines qualifications.
Suites possibles de la procédure
Les voies de recours annoncées par la défense comprennent un appel de la mise en examen. Des expertises complémentaires, notamment en matière d'ADN et de traitement des traces mélangées, sont attendues dans les mois à venir. La qualification pénale retenue et la question de la prescription pourront être contestées devant les juridictions compétentes.
L'enquête reste ouverte et d'autres actes d'investigation et d'expertise sont susceptibles d'être réalisés dans le cadre de la procédure en cours.








