Verdict
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné le fondateur d'Aristophil, Gérard Lhéritier, à cinq ans de prison ferme pour escroquerie et pratiques commerciales trompeuses. La décision a été rendue le 11 décembre 2025. Pour des raisons de santé, M. Lhéritier était absent de l'audience; son avocat a annoncé son intention de faire appel.
Activité de la société et contexte
Aristophil commercialisait des manuscrits, des livres rares, des autographes et des lettres par l'intermédiaire de courtiers et de conseillers en gestion de patrimoine. Les ventes étaient généralement effectuées en indivision, permettant à des particuliers d'acquérir des fractions d'objets (par exemple 1/100e d'un manuscrit). Les documents proposés portaient les signatures de personnalités littéraires, scientifiques ou artistiques.
Les opérations mises en cause se sont déroulées entre 2009 et 2014. La société a déposé son bilan en 2016; les procédures de redressement n'ont pas permis de couvrir l'ensemble des créances et les pertes subies par les clients ont été évaluées à près d'un milliard d'euros.
Procédure judiciaire et parties civiles
Le procès s'est tenu du 8 septembre au 2 octobre 2025. Environ 18 000 personnes avaient investi dans la société et près de 8 000 se sont constituées parties civiles au cours de la procédure. Le parquet avait requis une peine de six ans d'emprisonnement, qualifiant le système de "cavalerie" assimilable à une pyramide de Ponzi. Le tribunal n'a toutefois pas retenu la qualification d'escroquerie en bande organisée.
Peines et obligations prononcées
Outre la condamnation à cinq ans de prison ferme pour Gérard Lhéritier, le tribunal a prononcé plusieurs autres peines : l'expert-comptable a été condamné à deux ans d'emprisonnement, dont une partie ferme, et cinq autres prévenus (parmi lesquels un notaire, un universitaire et des gestionnaires de patrimoine) ont reçu des peines de un à deux ans avec sursis probatoire. Un expert libraire a été relaxé.
L'ensemble des condamnés fait l'objet d'obligations d'indemnisation des victimes. Le tribunal a ordonné l'exécution différée de la peine principale pour le fondateur, ce qui pourra être réexaminé dans le cadre des voies de recours.
Mécanisme reproché et éléments de commercialisation
L'accusation a soutenu que le modèle économique reposait sur l'utilisation des apports de nouveaux investisseurs pour rémunérer les souscriptions antérieures, caractéristique d'une structure de type pyramide. Plusieurs investisseurs ont déclaré devant la cour avoir reçu des promesses de rendement (de l'ordre de 8 %) et des présentations minimisant les risques.
Conséquences et suites possibles
Les décisions de première instance font l'objet d'annonces de recours de la défense. Les mentions relatives à l'exécution différée des peines et aux obligations d'indemnisation laissent la place à des procédures complémentaires et à des actions civiles lors des voies de recours.








