Contexte historique et situation de la frontière
La Thaïlande et le Cambodge, deux États d’Asie du Sud-Est, sont engagés depuis de nombreuses années dans une dispute sur le tracé de leur frontière commune, hérité de l’époque de l’Indochine française. Cette région frontalière a été le théâtre de plusieurs affrontements armés depuis le début du XXIe siècle. Les épisodes violents autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011 avaient fait au moins 28 morts et provoqué le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Déclenchement des affrontements du 24 juillet 2025
Le 24 juillet 2025, de nouveaux affrontements d’une intensité rare ont éclaté à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Les échanges violents ont commencé après des semaines de tensions latentes et d’accusations réciproques de provocations, en particulier dans des zones contestées telles que le « Triangle d’émeraude » et à proximité de temples anciens. L’événement immédiat ayant accru la tension serait la mort, fin mai, d’un soldat cambodgien lors d’un échange de tirs dans une zone contestée.
Déroulement des combats et bilan humain
Selon les autorités thaïlandaises, l’armée thaïlandaise a lancé des frappes aériennes ciblant des positions militaires cambodgiennes. En réponse, des tirs d’artillerie et des roquettes attribués au Cambodge ont frappé plusieurs cibles civiles et militaires en Thaïlande. L’armée thaïlandaise a signalé que les attaques ont touché notamment une supérette dans la province de Sisaket, entraînant la mort de huit civils dans cette zone, dont des étudiants selon des sources locales. Un enfant de huit ans a également perdu la vie dans la province de Surin et des tirs ont affecté un hôpital dans la même région, provoquant l’effondrement partiel du toit d’un bâtiment hospitalier qui avait été partiellement évacué par précaution.
Le bilan communiqué par le ministère thaïlandais de la Santé fait état d’au moins 12 morts, dont 11 civils, et de 35 blessés. Au Cambodge, aucun bilan officiel détaillé n’a été publié au moment des événements.
Positions officielles et développement diplomatique
Les deux pays se sont mutuellement accusés d’avoir initié les hostilités. L’armée thaïlandaise déclare que des troupes cambodgiennes ont ouvert le feu dans la zone frontalière, tandis que le Cambodge affirme que la Thaïlande a violé son territoire et que la riposte cambodgienne relève de la légitime défense.
Au plan diplomatique, la Thaïlande a rappelé son ambassadeur à Phnom Penh et a expulsé l’ambassadeur cambodgien après que des soldats thaïlandais eurent été victimes de mines antipersonnel à la frontière. Bangkok accuse le Cambodge d’avoir récemment placé de nouvelles mines, ce que Phnom Penh nie, indiquant que des mines actives subsistent du fait de conflits passés. Suite à ces tensions, le Cambodge a rétrogradé ses relations diplomatiques avec la Thaïlande.
Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a sollicité une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU afin d’examiner la situation, qualifiant les frappes thaïlandaises de non provoquées et préméditées. De son côté, le gouvernement thaïlandais souligne la nécessité de protéger la souveraineté nationale tout en appelant à une gestion prudente de la crise, conformément au droit international.
Réactions internationales
Plusieurs acteurs internationaux, dont l’Union européenne, la Chine, la France et les États-Unis, ont exprimé leur préoccupation concernant l’escalade des affrontements. Ces États et organisations ont appelé à l’arrêt immédiat des combats et à l’ouverture de pourparlers entre les deux parties afin d’éviter une dégradation supplémentaire de la situation. L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) a également appelé à la retenue.
Les autorités thaïlandaises recommandent à leurs ressortissants de quitter le Cambodge et ont restreint la circulation à certains points de passage à la frontière. Le Cambodge a suspendu certaines importations de produits thaïlandais.
Conclusion
Les combats survenus à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge le 24 juillet 2025 constituent les affrontements les plus graves entre les deux pays depuis près de quinze ans. La situation demeure tendue, avec des pertes civiles importantes et une dégradation notable des relations diplomatiques. Les appels internationaux à la désescalade et à la reprise du dialogue restent en vigueur, alors que l’avenir de la gestion du conflit frontalier demeure incertain.