Contexte et Données Statistiques
En avril 2025, le Livret A a connu une décollecte nette de 200 millions d'euros, marquant son pire mois d'avril depuis 2009, selon les données de la Caisse des dépôts (CDC). Cette tendance reflète une préférence des Français pour le retrait plutôt que le dépôt d'épargne sur ce compte, qui demeure pourtant le produit d'épargne le plus répandu en France. Le mois d'avril 2015 avait été le seul autre mois depuis 2009 à enregistrer un solde négatif, de l'ordre de 100 millions d'euros.
Facteurs Contribuant à la Décollecte
Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Premièrement, le taux de rémunération du Livret A a baissé de 3% à 2,4% en février 2025, impactant ainsi l'attractivité du produit. Cette baisse est due principalement à l'inflation et au taux d'intérêt interbancaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui sont en baisse constante. Selon l'économiste Philippe Crevel, cette tendance pourrait abaisser davantage le taux à 1,5% ou 1,6% dès août 2025.
Deuxièmement, la concurrence exercée par l'assurance vie, qui a enregistré des cotisations record en mars 2025, détourne potentiellement les épargnants du Livret A.
Performances Comparées
En comparaison, les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS), qui partagent des caractéristiques similaires avec le Livret A mais diffèrent par leur plafond, ont connu une légère augmentation avec une collecte nette de 310 millions d'euros durant le même mois.
Situation du Livret d'Épargne Populaire
Parallèlement, le Livret d'épargne populaire (LEP), qui s'adresse aux ménages modestes, a subi une sévère décollecte de 1,96 milliard d'euros en avril 2025. Cette chute s’explique en partie par les clôtures annuelles de comptes pour les détenteurs ne remplissant plus les conditions de ressources. À titre de comparaison, la décollecte en avril 2024 n'avait été que de 270 millions d'euros.
Encours et Perspectives Futures
Malgré ce ralentissement de la collecte pour le Livret A et le LDDS, les encours de ces livrets demeurent proches de leurs sommets historiques, à respectivement 444 milliards d'euros pour le Livret A et 162,7 milliards d'euros pour le LDDS, totalisant 606,7 milliards d'euros. Le LEP maintient un encours de 80,8 milliards d'euros.
La situation actuelle soulève des questions sur l'évolution future des taux de ces produits et leur attractivité, particulièrement si la tendance de baisse des taux se poursuit, accentuée par la concurrence d'autres produits d'épargne. Les acteurs économiques et les épargnants surveillent donc de près les évolutions réglementaires et de marché susceptibles d'affecter ces outils d'épargne populaires en France.