Contexte des arrestations
Le 16 septembre 2025, trois maires du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition en Turquie, ont été arrêtés. Zeydan Karalar de la métropole d'Adana, Muhittin Böcek d'Antalya, et Abdurrahman Tutdere d'Adiyaman ont été interpellés dans le cadre d'une enquête sur des accusations de corruption et de crime organisé. Ces arrestations illustrent la pression croissante exercée par le gouvernement turc sur le CHP depuis la défaite du Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan lors des élections locales de 2024.
Enquête et accusations
Entrepris par le procureur général d'Istanbul, cette série d'enquêtes a commencé par la destitution du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, en mars 2025, pour des accusations similaires. Imamoglu, figure majeure de l'opposition, avait été présenté comme candidat à l'élection présidentielle de 2028 par le CHP. Les accusations de corruption touchent également l'ancien maire d'Izmir, Tunç Soyer, et d'autres personnalités politiques et administratives du CHP.
Réactions locales et internationales
Mansur Yavaş, le maire d'Ankara, ainsi que d'autres responsables du CHP, ont dénoncé ces arrestations comme des opérations politiques injustes, soulignant une instrumentalisation du pouvoir judiciaire par le parti au pouvoir pour affaiblir l'opposition. Le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, par la voix de sa co-présidente Tulay Hatimogullari, a également critiqué ces manœuvres, arguant qu'elles limitent la démocratie en Turquie.
Persistance des tensions politiques
Les réactions aux arrestations ont consisté en manifestations, soutenues par les mêmes acteurs politiques. Depuis la répression contre les militants du CHP à Istanbul, les tensions politiques n'ont cessé de croître, exacerbées par les mesures perçues comme autoritaires prises par le gouvernement Erdogan pour contenir l'opposition. Des manifestations de masse ont fait suite aux arrestations majeures de partisans de l'opposition, notamment celles survenues à la suite de l'arrestation d'Ekrem Imamoglu. Selon les autorités, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées lors des protestations subséquentes.
Enquête en cours et implications futures
Parallèlement aux arrestations de samedi, les autorités turques poursuivent les investigations sur d'autres membres du CHP, notamment dans le cadre d'allégations autour d'achats de votes lors des primaires de 2023. Le tribunal d'Ankara effectue une enquête qui pourrait potentiellement influencer la stabilité politique du CHP et de ses dirigeants actuels, dont Ozgur Ozel, nouvellement élu à la tête du parti.