Attaque et bilan
Samedi 13 décembre, une frappe a visé un bâtiment des Nations unies à Kadougli, capitale du Kordofan-Sud. La Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abyei (Fisnua) a fait état d'une attaque attribuée à des drones contre son camp à Kadougli. Selon cette force et des sources médicales locales, six Casques bleus bangladais ont été tués et six autres blessés, dont quatre grièvement. Des témoins ont également signalé un tir de drone et des images diffusées par les forces armées ont montré des colonnes de fumée et des flammes au niveau de la base de la Fisnua.
Réactions
Le gouvernement soudanais pro-armée a condamné l'attaque et a imputé la responsabilité aux Forces de soutien rapide (FSR). Le Conseil de souveraineté, dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, a qualifié l'événement d'« escalade dangereuse ». Les FSR ont nié être responsables et ont dénoncé les accusations comme infondées.
Le ministère bangladais des Affaires étrangères a condamné l'attaque et demandé à l'ONU d'assurer la prise en charge des blessés. Le dirigeant intérimaire du Bangladesh a exprimé son émotion face aux pertes. Le secrétaire général des Nations unies a dénoncé l'attaque et a appelé les parties au conflit à mettre fin aux hostilités.
Par ailleurs, le Premier ministre soudanais a désigné les FSR dans ses déclarations et a appelé l'ONU à identifier et traduire les auteurs en justice. Le Royaume-Uni a annoncé des sanctions contre quatre responsables des FSR, en les accusant d'atrocités; ces mesures ont été critiquées par certains responsables locaux, qui ont demandé qu'elles s'étendent à d'autres chefs.
Contexte
La ville de Kadougli est assiégée depuis environ un an et demi et les Nations unies y ont déclaré un état de famine début novembre. Les combats dans la région s'inscrivent dans le cadre d'un conflit plus large qui oppose, depuis avril 2023, l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane aux troupes paramilitaires des FSR commandées par le général Mohamed Daglo.
La province du Kordofan fait la jonction entre des zones tenues par l'armée et la région du Darfour, qui est passée en grande partie sous le contrôle des FSR après la prise d'El-Fasher fin octobre. Les agences humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial et le Bureau de coordination des affaires humanitaires, ont signalé une aggravation des risques pour les civils liée à la multiplication des attaques, y compris par drones.
La Fisnua déploie environ 4 000 militaires et policiers, dont une partie est chargée de la protection des civils dans la région d'Abyei, zone pétrolifère frontalière où les affrontements sont récurrents.
Le conflit depuis son intensification a provoqué des pertes humaines importantes et des déplacements massifs de population, une situation que l'ONU a qualifiée de crise humanitaire majeure.








