Contexte
La réforme des retraites adoptée en 2023 prévoit un relèvement progressif de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans. Son examen au Parlement en 2023 a donné lieu à de nombreuses manifestations et à de vifs débats politiques. Dans le contexte décrit, la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu a été annoncée, et ce dernier a engagé des consultations avec les forces politiques afin de rechercher un compromis, notamment sur le projet de budget 2026.
Position d'Élisabeth Borne
Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, a déclaré dans une interview au Parisien être ouverte à une "suspension" de la réforme des retraites qu'elle avait contribué à faire adopter en 2023. Elle a indiqué que, « si c'est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d'une suspension jusqu'au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle ». Elle a ajouté que, « dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger » et a estimé que l'on ne devait pas faire de la réforme « un totem ».
Elle a parallèlement appelé à « tout faire pour ne pas en arriver » à une dissolution de l'Assemblée nationale et a plaidé pour la nomination à Matignon d'une personne « qui ne soit pas marquée politiquement », issue selon elle de la société civile et « sans ambition présidentielle ».
Réactions politiques
Olivier Faure, patron du Parti socialiste, a qualifié la prise de position d'« un réveil tardif, mais positif » et a indiqué souhaiter porter les débats à l'Assemblée nationale. Raphaël Glucksmann (Place publique) a jugé que l'hypothèse d'une suspension, « impossible il y a quelques jours encore », devenait désormais envisageable et qu'« il y a un chemin » pour préciser cette option.
Plusieurs députés de l'aile droite de la majorité et des élus d'autres formations ont exprimé des réserves. Sylvain Maillard (Renaissance) a estimé que cette suspension reviendrait à laisser au prochain gouvernement la possibilité de renverser l'équilibre des réformes, et a précisé qu'il ne la soutiendrait pas. Quelques cadres de la majorité ont enfin rappelé leur attachement à la stabilité institutionnelle et économique.
Réactions syndicales
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a qualifié l'ouverture à la suspension de « volte-face » et déclaré que cela constituait selon elle « un aveu : la réforme des retraites est un échec ». À l'inverse, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a estimé que la prise de position était « importante » et pouvait constituer « un signal positif » susceptible de faciliter l'adoption partielle d'un budget.
Éléments procéduraux et perspectives
L'entourage du Premier ministre démissionnaire a indiqué que Sébastien Lecornu avait saisi le ministère de l'Économie, environ quinze jours auparavant, pour évaluer le coût d'un projet de budget alternatif présenté par le Parti socialiste, qui inclut la suspension de la réforme des retraites. Selon les acteurs politiques cités, la suspension proposée par Élisabeth Borne, si elle devait être retenue, nécessiterait l'examen concret des modalités et de leurs conséquences, ainsi que l'évaluation de son coût budgétaire et de ses effets juridiques.
Les prochains jours doivent voir se poursuivre les consultations entre partis, des échanges à l'Assemblée nationale et des travaux gouvernementaux destinés à préciser les modalités et à décider si une suspension temporaire pourra être mise en œuvre avant la prochaine présidentielle.