Introduction
Un rapport annuel publié par The Lancet (édition Lancet Countdown) présente une synthèse d'indicateurs mesurant les conséquences du changement climatique et de la combustion d'énergies fossiles sur la santé humaine. Le rapport rassemble des données sur la mortalité, la morbidité, la pollution de l'air, la sécurité alimentaire et la transmission de maladies vectorielles.
Principales constatations
Le rapport identifie plusieurs tendances préoccupantes. Entre 2012 et 2021, la chaleur aurait été responsable en moyenne de 546 000 décès par an, un niveau supérieur à celui observé dans les années 1990. Après ajustement pour l'évolution démographique, la mortalité liée à la chaleur augmente d'environ 23 % par rapport aux périodes antérieures. En 2024, des records de journées de vagues de chaleur ont été observés chez les nourrissons (moins d'un an) et les personnes âgées (65 ans et plus).
La pollution atmosphérique d'origine fossile est estimée avoir causé plus de 2,5 millions de décès en 2022. Parallèlement, l'usage des énergies fossiles a atteint un nouveau record en 2024, malgré une baisse de l'usage du charbon dans certains pays développés.
Pour la première fois, l'édition fournit une estimation des décès liés à la fumée des feux de forêt : environ 154 000 décès attribués aux particules fines issues des incendies en 2024.
Les phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresses, tempêtes, inondations) ont causé au moins 16 000 décès en 2024. Le rapport évalue également à 123,4 millions le nombre de personnes dont la sécurité alimentaire a été menacée par sécheresse et canicule en 2023, sur la base d'une analyse couvrant 124 pays.
Enfin, la hausse des températures et la modification des conditions climatiques ont élargi les zones favorables aux insectes vecteurs. Le rapport indique que le potentiel mondial de transmission de la dengue a augmenté de plus de 50 % depuis les années 1950 et que plus de 7 millions de cas de dengue ont été recensés en 2024.
Mécanismes et déterminants
Le rapport établit un lien entre les émissions provenant de la combustion d'énergies fossiles, l'augmentation des températures et la dégradation de la qualité de l'air. Il souligne aussi la persistance de subventions aux énergies fossiles dans plusieurs pays et un recul partiel de certaines politiques publiques d'adaptation. Une réduction de l'aide publique au développement dans certains pays riches limite par ailleurs la capacité d'adaptation des pays à faibles revenus.
Régions et populations les plus affectées
Les estimations de mortalité liée à la chaleur sont concentrées principalement en Afrique, en Asie du Sud et au Moyen-Orient. Les groupes les plus vulnérables sont les nourrissons, les personnes âgées, les travailleurs exposés en extérieur et les populations disposant de ressources limitées pour se protéger des événements climatiques et de la pollution.
Conséquences sanitaires
La chaleur extrême augmente le risque de troubles rénaux, d'affections cardiovasculaires et respiratoires, de défaillances d'organes et de décès. La pollution de l'air et la fumée des incendies aggravent les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les événements climatiques extrêmes perturbent la production agricole et la sécurité alimentaire, entraînant des conséquences indirectes sur la nutrition et la santé.
Implications pour les politiques publiques
Le rapport appelle à des politiques ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à l'élimination progressive des subventions aux énergies fossiles, à des investissements accrus dans l'adaptation et à un renforcement de l'aide internationale aux pays les plus vulnérables. Il souligne l'importance d'actions intégrées liant santé publique, politiques climatiques et gestion des risques.








