Contexte politique et historique
Les élections générales au Tchad, tenues le dimanche 29 décembre 2024, marquent la dernière étape d'une transition politique initiée en 2021 après le décès du président Idriss Déby Itno. Ce processus visait à stabiliser le pays et à réformer ses institutions. Le scrutin a lieu après de nombreux reports, initialement prévus pour 2015, repoussés en raison de multiples crises, notamment la pandémie de COVID-19, les menaces sécuritaires liées à Boko Haram, et des problèmes financiers. Depuis la mort d'Idriss Déby Itno, un parlement de transition composé de 93 membres avait été mis en place.
Le scrutin et ses enjeux
Les élections incluent des scrutins législatif, provincial, et local. Quelque 8,2 millions d'électeurs étaient inscrits pour voter jusqu'à 18h00. L'événement a vu la participation de 1 329 candidats pour 188 sièges au Parlement, sous l'œil vigilant d'observateurs internationaux et de représentants des partis politiques. Le président Mahamat Idriss Déby Itno, qui a succédé à son père, a appelé à une participation massive, dénonçant les appels à l'abstention de l'opposition, qui qualifie le processus électoral de partial et "joué d'avance".
Participation et dynamique électorale
Malgré l'appel du gouvernement, une faible affluence a été constatée à l'ouverture des bureaux de vote, notamment à N'Djamena, où des facteurs climatiques ont été évoqués pour expliquer cette apathie. Cependant, les militaires, les nomades et les Tchadiens de la diaspora avaient commencé à voter dès la veille, cumulant une participation remarquée chez ces groupes, avec 72% pour les militaires et 54% pour les nomades. Le vote anticipé de ces groupes fait partie de la tradition électorale tchadienne.
Contestations et accusations de fraude
Le contexte électoral est empreint de défiance, l'opposition dénonçant un climat de fraude, avec des allégations de disparition de bulletins de vote et d'irrégularités dans certaines circonscriptions. Ceci s'ajoute aux controverses autour de l'agence gérant les élections et des pratiques attribuées au parti au pouvoir, le MPS. L'opposition a ainsi invité à la vigilance pour garantir la transparence.
Environnement géopolitique
L'échéance électorale intervient dans un climat géopolitique instable marqué par le retrait des troupes françaises suite à la fin d'un accord de coopération, les attaques persistantes de Boko Haram, et des accrochages frontaliers avec le Soudan. La situation dans la région du lac Tchad est particulièrement préoccupante, accentuant les défis sécuritaires pour le pays.
Perspectives futures
Les résultats provisoires du scrutin sont attendus le 15 janvier 2025, avec les résultats définitifs annoncés le 3 février 2025. Ces élections sont cruciales pour la poursuite de la transition politique au Tchad, dont l'objectif est de restaurer un gouvernement civil légitimement élu. Cependant, les tensions entre le gouvernement et l'opposition, ainsi que les défis économiques et sécuritaires, continuent de peser sur le climat politique du pays.