Introduction
Depuis plus de dix ans, le laboratoire de l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) à Avignon mène des recherches intensives sur l'impact des pesticides, y compris les néonicotinoïdes, sur les colonies d'abeilles mellifères. Ces recherches ont révélé les conséquences néfastes même à des doses considérées non létales. Cet article explore les effets des néonicotinoïdes et les implications possibles d'une législation française envisagée qui pourrait réintroduire certains de ces pesticides.
Effets des néonicotinoïdes sur les abeilles
Freddie-Jeanne Richard, directrice de recherche à l'Inrae, mène des études sur l'impact des néonicotinoïdes en exposant des abeilles mellifères à ces substances. Les résultats montrent que même en faibles quantités, les néonicotinoïdes altèrent le comportement individuel et collectif des abeilles, affectant leurs capacités de communication et d'orientation essentielles pour la collecte de nourriture et la survie de la colonie. Les larves, les nymphes et même la reine peuvent être affectées, compromettant ainsi la reproduction et le développement de la colonie.
Innovations technologiques dans la recherche
Le laboratoire utilise des technologies avancées, telles que les puces RFID et les QR codes, pour marquer et suivre les abeilles après exposition aux pesticides. Ces dispositifs suivent leur retour à la ruche, permettant de constater que les abeilles désorientées par les néonicotinoïdes ne parviennent souvent pas à regagner leur habitat, contribuant ainsi à des phénomènes de ruches vides constatés par les apiculteurs.
Considérations législatives et débats
En mai, l'Assemblée nationale française doit examiner un projet de loi proposé par le sénateur Laurent Duplomb, qui vise à autoriser l'utilisation temporaire de l'acétamipride, un type de néonicotinoïde, dans certaines cultures comme la noisette et la betterave. Ce pesticide est interdit en France depuis 2018 en raison de preuves scientifiques de sa toxicité, tant en laboratoire que sur le terrain. Le texte soutient que l'assouplissement de ces contraintes pourrait aider les agriculteurs, bien que les chercheurs, tels que Cédric Alaux de l'Inrae, soulignent que cette mesure représente un retour en arrière vis-à-vis des avancées protectrices pour les abeilles.
Conclusion
Les recherches de l'Inrae illustrent clairement les risques posés par les néonicotinoïdes aux abeilles, vitales pour l'écosystème et l'agriculture. La possible réintroduction de ces pesticides en France suscite une controverse entre impératifs économiques et environnementaux, avec la science jouant un rôle crucial dans l’information des décisions politiques.