Résumé
Une vidéo privée montrant un échange entre deux journalistes et deux responsables du Parti socialiste (PS) a été rendue publique début septembre 2025 par le mensuel L'Incorrect. Dans cet enregistrement, Thomas Legrand prononce la phrase suivante : « Nous, on fait ce qu'il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi ». France Inter a suspendu Thomas Legrand « à titre conservatoire ». Les protagonistes ainsi que des autorités et des responsables politiques ont réagi et des procédures ont été engagées.
Contenu de la vidéo et participants
Selon les informations rendues publiques, la vidéo a été filmée en juillet 2025 dans un restaurant parisien, à l'insu des personnes présentes, et publiée début septembre 2025 par le mensuel L'Incorrect, créé en 2017 et identifié par ses responsables comme un média de ligne conservatrice.
Les personnes identifiées dans l'enregistrement sont : Thomas Legrand (chroniqueur pour France Inter et journaliste à Libération), Patrick Cohen (chroniqueur pour France Inter et intervenant à France Télévisions), Pierre Jouvet (secrétaire général du Parti socialiste) et Luc Broussy (président du conseil national du PS).
Dans l'extrait cité par les médias, Thomas Legrand déclare : « Nous, on fait ce qu'il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi ». D'autres éléments de la discussion portent, selon les comptes rendus, sur des analyses et des stratégies liées à la situation de la gauche.
Réactions des médias et des protagonistes
France Inter a annoncé la suspension « à titre conservatoire » de Thomas Legrand, indiquant que les propos pouvaient prêter à confusion et alimenter la suspicion quant à l'utilisation de l'antenne à des fins partisanes. La directrice de la station, Adèle Van Reeth, a expliqué que la décision visait à protéger l'antenne et le travail des journalistes le temps d'éclaircir la situation.
Thomas Legrand a publié une réaction écrite dans laquelle il qualifie ses propos de « maladroits », affirme que la vidéo a été enregistrée à l'insu des protagonistes et qu'elle est, selon lui, partiellement tronquée, et précise que son intention est d'« s'occuper journalistiquement » de ce qu'il décrit comme des « mensonges » de Rachida Dati. Patrick Cohen a déclaré que la vidéo reproduit des « bouts de phrase » et a estimé la présentation des échanges « manipulatoire ». Les deux journalistes ont annoncé leur intention de porter plainte.
Réactions politiques et syndicales
Rachida Dati, ministre de la Culture et candidate investie par Les Républicains pour la mairie de Paris, a demandé que des mesures soient prises à l'encontre des chroniqueurs, qualifiant les propos cités de « graves et contraires à la déontologie ». Le parti Les Républicains a publié un message dénonçant une collusion présumée entre des journalistes et le PS.
Plusieurs responsables politiques de partis opposés ont commenté la diffusion : Jean‑Luc Mélenchon (La France insoumise) a qualifié la vidéo de « consternante » ; Jordan Bardella (Rassemblement national) a dénoncé ce qu'il a présenté comme une partialité du service public ; d'autres responsables ont employé des termes tels que « complot », « infiltration » ou « mafia » dans leurs déclarations publiques. Ces formulations figurent comme citations des propos de ces responsables.
Le Parti socialiste a publié un communiqué indiquant qu'« aucune collusion n'existe entre le Parti socialiste et les journalistes quels qu'ils soient », et a mis en cause le média ayant diffusé la vidéo, l'accusant d'entretenir une lecture complotiste.
La Société des journalistes (SdJ) et le Syndicat national des journalistes (SNJ) de Radio France ont réagi en dénonçant l'instrumentalisation des images publiées et en exprimant leur solidarité avec les journalistes concernés.
Contexte antérieur et procédures
Les comptes rendus rappelant des échanges antérieurs indiquent qu'en juin 2025 Rachida Dati avait eu un échange tendu avec Patrick Cohen sur le plateau de l'émission C à Vous, lors d'une interview portant sur ses démêlés judiciaires.
L'Arcom, autorité de régulation de l'audiovisuel, a indiqué avoir été saisie et qu'elle recueillerait les éléments d'explication auprès de Radio France et de France Télévisions afin de vérifier le respect des obligations d'impartialité et d'indépendance du service public audiovisuel.
Mesures annoncées et suite prévue
- France Inter a suspendu Thomas Legrand « à titre conservatoire » et a indiqué qu'il ne serait pas à l'antenne le temps d'éclaircir la situation.
- Thomas Legrand et Patrick Cohen ont annoncé leur intention de porter plainte concernant l'enregistrement et la diffusion de la vidéo.
- L'Arcom a été saisie et a annoncé qu'elle recueillerait des éléments d'explication auprès des médias publics concernés.
La situation fait l'objet de démarches internes à Radio France et d'examens réglementaires au titre des obligations d'impartialité du service public. Les procédures judiciaires annoncées par les journalistes sont en cours d'ouverture selon leurs déclarations publiques.