Contexte et objectifs de l’accord
La France et le Royaume-Uni ont conclu un accord portant sur l’échange de migrants traversant la Manche, lors de la visite d’État du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni début juillet. Ce projet, mis en œuvre à partir du 5 août 2025, a pour objectif principal de dissuader les traversées irrégulières de la Manche effectuées sur des embarcations précaires organisées par des réseaux de passeurs. Cette initiative intervient dans un contexte de forte augmentation des arrivées : plus de 25 400 personnes ont rejoint le Royaume-Uni par voie maritime depuis le début de l’année 2025.
Dispositif et fonctionnement
L’accord, limité dans le temps jusqu’en juin 2026, repose sur un mécanisme dit « un pour un » :
- La France accepte le retour de migrants arrivés au Royaume-Uni par petit bateau dont la demande d’asile a été jugée inadmissible.
- En échange, le Royaume-Uni accepte d’accueillir des migrants se trouvant en France, sur la base d’une demande déposée via une plateforme en ligne. La priorité est donnée aux personnes appartenant à des nationalités particulièrement ciblées par les réseaux de passeurs, ainsi qu’aux individus disposant de liens avec le Royaume-Uni.
Le dispositif doit faire l’objet d’un examen sécuritaire complet des nouveaux arrivants, côté français et britannique. Les premiers transferts et placements en détention de migrants sont prévus dans les jours suivant l’entrée en vigueur de l’accord. Le nombre exact de personnes concernées n’a pas été précisé, mais une phase pilote mentionne un volume d’environ 50 personnes par semaine.
Approbation et mise en place
Le « texte final » de l’accord a été signé la semaine précédant l’entrée en vigueur, et la Commission européenne a validé l’initiative en tant qu’approche destinée à lutter contre l’immigration irrégulière. Les autorités françaises et britanniques insistent sur le caractère expérimental du dispositif, affirmant que son efficacité sera évaluée périodiquement et que des ajustements seront possibles.
Réactions et critiques
L’accord suscite plusieurs critiques et contestations :
- Certains élus du nord de la France considèrent le dispositif comme favorable au Royaume-Uni.
- Des associations d’aide aux migrants estiment qu’il va à l’encontre des normes internationales de protection des réfugiés et dénoncent le principe d’échange de personnes sur une base strictement bilatérale.
- Des pays du sud de l’Europe, tels que la Grèce, l’Italie et l’Espagne, ont exprimé leur préoccupation quant à la possibilité que la France réachemine ensuite des migrants vers d’autres États membres de l’Union européenne.
- Au Royaume-Uni, certains acteurs politiques jugent la mesure insuffisante pour faire face au volume des arrivées et critiquent l’équilibre de l’échange.
Inscription dans la politique migratoire britannique
Le dispositif s’inscrit dans les efforts continus du gouvernement britannique en matière de gestion des demandes d’asile et d’expulsions, dans un contexte d’augmentation des tensions politiques intérieures sur la question migratoire, marqué notamment par la progression du parti Reform UK et la multiplication de manifestations contre l’accueil des demandeurs d’asile.
Durée et perspectives
L’accord est en vigueur jusqu’en juin 2026 et fait figure de premier test d’un système d’échange de migrants directement inspiré d’accords antérieurs négociés par l’Union européenne avec des pays tiers. Sa poursuite et son extension dépendront des évaluations périodiques menées par les deux gouvernements et des réactions politiques et juridiques au niveau national et international.