Contexte de la décision
Le gouvernement libanais a mandaté l’armée pour élaborer un plan visant au désarmement du Hezbollah d’ici la fin de l’année 2025. Cette mesure a été prise à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres, dans un contexte où l’influence politique du Hezbollah au Liban a considérablement diminué, notamment après un conflit avec Israël à l’automne précédent. Ce conflit a fragilisé le mouvement chiite, historiquement soutenu par l’Iran et seul groupe ayant conservé son arsenal après la guerre civile libanaise (1975-1990), invoquant la résistance contre Israël qui avait occupé le sud du pays jusqu’en 2000.
Liens avec le cessez-le-feu et modalités
La décision s’inscrit dans le cadre de l’application d’un cessez-le-feu obtenu sous médiation américaine et conclu le 27 novembre, marquant la fin de plus d’un an de combats entre le Hezbollah et Israël. L’accord de cessez-le-feu prévoit que seuls six organismes militaires et sécuritaires libanais sont autorisés à détenir des armes. Le Premier ministre Nawaf Salam a indiqué que l’armée devait élaborer un plan pour garantir que d’ici la fin de l’année, les armes soient exclusivement détenues par l’armée et cinq autres services de sécurité. Le plan doit être soumis au Conseil des ministres pour examen d’ici le 31 août.
Réactions politiques et ministérielles
La décision du gouvernement a conduit au départ de deux ministres, Tamara Zein (alliée d’Amal, partenaire du Hezbollah) et Rakan Nasreddine (proche du Hezbollah), en signe d’opposition. Par ailleurs, le Conseil des ministres doit poursuivre l’examen d’une proposition de calendrier de désarmement transmise par l’émissaire américain Tom Barrack.
Points de vue du Hezbollah et des alliances
Parallèlement à la réunion gouvernementale, le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a rejeté toute application imposée d’un calendrier de désarmement tant que les hostilités israéliennes persistent, qualifiant les pressions américaines de "diktat" visant à priver le Liban de sa capacité de défense. D’après un responsable libanais participant aux discussions, le Hezbollah ne cédera pas ses armes sans contrepartie. Le mouvement exige, avant tout accord, un retrait israélien de cinq positions au sud du Liban, l’arrêt des opérations militaires israéliennes et la reconstruction des zones affectées par le conflit.
Réactions à l’échelle interne et internationale
Le président Joseph Aoun a insisté sur la volonté de désarmer toutes les entités armées du pays, y compris le Hezbollah. Israël, pour sa part, accuse le Hezbollah de reconstruire des installations militaires et maintient que ses attaques contre le Liban se poursuivront tant que le désarmement ne sera pas effectif. En réponse, le chef du Hezbollah a averti que toute offensive de grande envergure d’Israël entraînerait des représailles sur le territoire israélien.
Évolution de la situation
Avant le conflit récent avec Israël, le Hezbollah disposait d’une puissance significative sur la scène politique libanaise. Toutefois, les dynamiques internes et l’évolution du conflit ont limité ses options. Selon David Wood de l’International Crisis Group, la situation pourrait conduire à une impasse diplomatique, le Hezbollah conditionnant toute discussion sur son désarmement à des exigences impliquant Israël. L’absence de résolution rapide pourrait fermer la voie à une solution diplomatique durable.