Contexte
Un accord commercial entre l'Union européenne et plusieurs pays du Mercosur, signé fin 2024, prévoit des réductions de droits de douane visant à faciliter les échanges de biens, incluant des produits agricoles. La Commission européenne a lancé un processus de ratification début septembre 2025 et a proposé des clauses de sauvegarde renforcées et un suivi des « produits sensibles » pour tenter d'atténuer les effets de variations brusques des importations ou des prix.
La Confédération paysanne, membre du mouvement Via Campesina, s'oppose à cet accord en invoquant la concurrence entre exploitations agricoles européennes et latino-américaines et la baisse des revenus des producteurs. Plusieurs syndicats agricoles français ont exprimé leur opposition au texte ; la FNSEA a rejoint l'opposition, tandis que la Confédération paysanne a maintenu des critiques distinctes sur le discours et les arguments employés par d'autres organisations.
Déroulement de la manifestation du 14 octobre 2025
Le 14 octobre 2025, la Confédération paysanne a organisé une manifestation à Paris. Les participants se sont rassemblés au niveau des Invalides puis ont rejoint un rassemblement aux abords de la Tour Eiffel pour un pique-nique revendicatif. Parmi les présents figuraient des agriculteurs, des étudiants d'AgroParisTech et des représentants d'organisations environnementales.
Des chants et prises de parole ont ponctué le parcours. La présence des forces de l'ordre a encadré le rassemblement. La Confédération paysanne a rappelé son opposition de longue date à l'accord et a présenté la manifestation comme un appel au respect de la souveraineté alimentaire.
Positions exprimées lors du rassemblement
La porte-parole de la Confédération paysanne, Fanny Métrat, a critiqué la rhétorique d'autres syndicats et défendu l'idée d'une souveraineté alimentaire « pour tout le monde ». Des intervenants ont souligné la nécessité de soutenir les agriculteurs pour les aider à s'adapter au changement climatique, plutôt que d'assouplir des règles environnementales.
La députée européenne Manon Aubry (La France insoumise) est intervenue en soutien et a qualifié l'accord de « pire signé par l'UE », ajoutant que sa délégation envisagerait de saisir la Cour de justice de l'Union européenne pour vérifier la compatibilité de l'accord avec les traités européens. Des propos rapportés par des manifestants ont également évoqué des préoccupations sanitaires liées à des différences de réglementation des pesticides entre certains pays partenaires et l'Union européenne.
Réactions institutionnelles et juridiques
La Commission européenne a présenté des clauses de sauvegarde destinées à répondre à des hausses d'importations ou à des chutes de prix. La Confédération paysanne a jugé ces mesures insuffisantes pour rééquilibrer l'accord.
Le choix de la date de la manifestation coïncidait avec un procès au tribunal judiciaire de Paris concernant deux membres de la Confédération paysanne, poursuivis pour « violence et rébellion » à la suite d'un rassemblement organisé au Grand Palais. Ces militants ont été condamnés à une amende de 450 euros chacun (90 jours-amende de 5 euros) pour des faits liés à des violences commises sur des membres des forces de l'ordre lors de la manifestation contre une réunion d'acteurs du commerce des céréales.
Enjeux soulevés
Les organisateurs et participants ont mis au centre de leur action des questions de concurrence agricole, de revenus des producteurs, de normes sanitaires et environnementales, et de droits humains en lien avec d'autres accords commerciaux. Les débats portent sur l'impact économique du texte pour les filières agricoles européennes, la compatibilité des règles de production et de protection sanitaire entre partenaires, et l'efficacité des mécanismes de sauvegarde proposés par les institutions européennes.
Les actions de la Confédération paysanne s'inscrivent dans une stratégie de mobilisation publique et juridique visant à influencer le processus de ratification et à obtenir des modifications ou des protections supplémentaires pour les exploitations agricoles.