Contexte
Fin septembre 2025, des manifestations ont éclaté à Madagascar, animées principalement par le mouvement identifié comme « Gen Z ». Les revendications initiales portaient sur des coupures récurrentes d'eau et d'électricité, qui affectent quotidiennement de nombreuses familles.
Le contexte socio-économique évoqué pendant la mobilisation a été rappelé par des observateurs : près de 75 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022 selon la Banque mondiale, et Madagascar se situait en 2022 à la 140e place sur 180 dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International.
Déroulement des manifestations
Des rassemblements importants se sont tenus à Antananarivo, en particulier dans le secteur d'Ambohijatovo, où des groupes de manifestants ont convergé. Le mouvement Gen Z a employé des signes de ralliement visibles sur les réseaux sociaux et lors des mobilisations de rue, y compris un drapeau inspiré du manga One Piece.
Les consignes de mobilisation comprenaient des recommandations pratiques (apporter de l'eau, porter des masques, se munir de parapluies et de batteries externes) et l'organisation de premiers secours identifiables par une croix bleue tracée au feutre sur le poignet. Une consigne vestimentaire noire, lancée en hommage aux personnes décédées, a été suivie de manière variable au fil des journées.
Des rassemblements et défilés ont également été signalés dans d'autres villes : Toamasina, Antsiranana et Toliara.
Réponse des autorités et renvoi du gouvernement
Le président Andry Rajoelina a prononcé une allocution télévisée au cours de laquelle il a annoncé le limogeage de l'ensemble du gouvernement. Cette décision n'a pas immédiatement mis fin aux rassemblements.
Sur le terrain, les forces de l'ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser des attroupements et des véhicules blindés ont été signalés lors d'interventions policières.
Bilan humain et contestations des chiffres
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a indiqué qu'au moins 22 personnes avaient été tuées et plus d'une centaine blessées depuis le début des violences, précisant que certaines victimes avaient été tuées par des membres des forces de sécurité et d'autres lors d'épisodes de violences et de pillages. Le ministère malgache des Affaires étrangères a contesté ces chiffres, appelant à la prudence et à des vérifications complémentaires.
Réactions de la société civile et du mouvement
Des manifestants ont exigé des réformes politiques, le respect de l'état de droit et la tenue de comptes pour les violences constatées. Le mouvement Gen Z a déclaré que sa mobilisation dépassait sa seule composante générationnelle et qu'elle entendait maintenir la pression tant que ses objectifs ne seraient pas atteints.
Des organisations professionnelles ont réagi : le principal syndicat de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité a annoncé une grève générale, et l'ordre des avocats de Madagascar a dénoncé des violations des droits humains et des droits de la défense.
Contexte politique et enjeux
Andry Rajoelina est arrivé au pouvoir en 2009 lors d'un soulèvement puis a exercé la présidence après des élections ultérieures. Il a été élu en 2018 et réélu en 2023 lors d'un scrutin contesté par l'opposition. Le limogeage touchait notamment des membres du gouvernement en poste depuis plusieurs années, y compris le Premier ministre Christian Ntsay, nommé en 2018.
Les manifestants et des observateurs ont souligné des problèmes structurels liés à la gouvernance, à la corruption et à la représentativité des institutions, et se sont interrogés sur les modalités de transition ou de réforme envisageables.
Zones affectées
Les rassemblements ont principalement concerné Antananarivo, avec des manifestations significatives signalées à Toamasina, Antsiranana et Toliara. Certaines zones périphériques d'Antananarivo ont également été touchées par des épisodes de pillage signalés antérieurement.