Condamnation
La cour criminelle de l'Hérault, siégeant à Montpellier, a condamné le 21 novembre 2025 un médecin à douze ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles commis sur treize jeunes patients, dont certains porteurs de handicap. La peine comprend également l'interdiction d'exercer la profession médicale.
Faits reprochés
Selon les éléments présentés lors des débats, les faits portent sur des actes qualifiés d'attouchements, de masturbations réalisées par le praticien ou demandées aux adolescents, de mesures répétées des testicules et du pénis au repos et en érection, ainsi que d'actes de pénétration par toucher rectal avec des objets. Certaines consultations ont eu lieu dans différents établissements de la région, au domicile du médecin ou dans son véhicule.
Parmi les témoignages figure celui d'un homme, âgé de 21 ans au moment du procès, qui a déclaré avoir été pris en charge entre 14 et 17 ans et avoir subi 37 séances. Il a raconté que le médecin « appliquait de la pommade sur mon gland », lui demandait d'utiliser un chronomètre et que la durée des gestes était passée de cinq à dix minutes.
Parcours professionnel de l'accusé
L'homme, identifié dans les débats comme le Dr Philippe Moulin, avait 54 ans au moment de la condamnation. Diplômé en 2000, il a exercé pendant une quinzaine d'années en gériatrie, puis s'est orienté vers la santé sexuelle des adolescents. Il se présentait comme « andrologue pédiatrique », dénomination qui n'est pas reconnue comme spécialité en France. Il intervenait également comme conférencier auprès d'associations traitant de l'autisme et du handicap.
Enquête et procédure
Des plaintes de parents ont conduit à une interpellation en octobre 2021. Le dossier a été examiné par des experts médicaux cités en audience, qui ont estimé que la plupart des gestes et actes constatés ne se pratiquent pas sur des mineurs et n'avaient pas d'intérêt d'un point de vue médical.
Réquisitions et positions des parties
L'avocat général Jean-Luc Beck avait requis quinze ans de réclusion, estimant que les actes relevaient de viols et d'agressions sexuelles et non d'erreurs médicales invoquées par l'accusé. La défense, conduite par Me Aude Widuch, a plaidé que l'absence de cadre et la méconnaissance de la santé sexuelle des adolescents pouvaient expliquer des manquements aux règles professionnelles et a évoqué la volonté de certains parents de rechercher une prise en charge.
Peines complémentaires
Outre la peine d'emprisonnement et l'interdiction d'exercer la médecine, le jugement a assorti la condamnation d'une interdiction d'exercer toute activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs, d'une interdiction de séjour dans le département de l'Hérault pour une durée de dix ans et de l'inscription au fichier des auteurs d'infractions à caractère sexuel.
Déclarations de l'accusé
Lors de ses derniers mots devant la cour, l'accusé a présenté des excuses et déclaré éprouver « de la honte », affirmant : « Pour moi la médecine c'est fini... Je me suis complètement aveuglé, tout seul. Je me suis emballé en oubliant les valeurs mêmes de la médecine et du respect d'autrui. »








