Contexte et organisation
Une messe intitulée « en hommage au maréchal Pétain et à ses soldats » s'est tenue le samedi 15 novembre à Verdun. Elle a été organisée par l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) et s'est déroulée à huis clos, réservée aux membres de l'association.
Le maire de Verdun avait pris un arrêté municipal visant à interdire la tenue de la messe. Cet arrêté a été annulé par le tribunal administratif de Nancy, autorisant finalement la célébration. La préfecture de la Meuse a déployé un dispositif de sécurité local comprenant policiers et gendarmes pour encadrer l'événement.
Déroulement de la cérémonie
Selon les autorités, une dizaine à une vingtaine de personnes ont assisté à l'office. Le prêtre ayant officié a indiqué que la célébration respecterait l'article 35 de la loi de 1905, qui interdit tout discours à caractère politique dans un lieu de culte.
À l'issue de la messe, plusieurs participants sont sortis sous les huées des personnes rassemblées à l'extérieur. Les forces de l'ordre ont veillé à séparer les participants de l'office et les manifestants pour éviter tout affrontement.
Manifestations et expressions publiques
Environ cent manifestants se sont rassemblés devant l'église. Parmi eux figuraient des élus locaux et des citoyens opposés à la tenue de la cérémonie. Les manifestants ont entonné la Marseillaise et brandi des pancartes, notamment avec des slogans comme « Pas de messe pour Pétain » et « Catho pas facho ». Plusieurs personnes extérieures ont tenté d'accéder à la cérémonie mais ont été contenues par un cordon de sécurité.
Des incidents verbaux et des échanges tendus ont été signalés entre manifestants, personnes cherchant à entrer et forces de l'ordre. Le préfet a évoqué la possibilité de poursuites contre des individus accusés de harcèlement des forces de l'ordre.
Déclarations et suites envisagées
À la sortie de l'office, des propos attribués à des membres de l'ADMP ont été qualifiés de révisionnistes par les autorités. Le président de l'ADMP, Jacques Boncompain, a notamment déclaré que le procès de Philippe Pétain en 1945 « ne répondait pas aux critères d'équité » et l'a présenté comme « le premier résistant de France ». Ces propos ont été dénoncés par des manifestants et des responsables publics.
Le préfet de la Meuse a annoncé son intention de signaler ces déclarations au procureur de la République en déposant un article 40, estimant que l'association avait « instrumentalisé l'autorité religieuse en camouflant sous une messe une réunion politique ». Il a également indiqué envisager des plaintes contre des individus liés au Parti de la France pour harcèlement des forces de l'ordre.
En droit français, les propos qualifiés de révisionnistes — négation, minoration ou banalisation outrancière de crimes de génocide, de guerre ou contre l'humanité — sont passibles de sanctions pénales, pouvant aller jusqu'à un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
Réactions institutionnelles
Le ministre de l'Intérieur a condamné « toute tentative de réhabilitation d'une figure liée à la collaboration ». Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a estimé que la célébration constituait une « injure à la mémoire » des personnes déportées sous le régime de Vichy. Le Consistoire israélite de Lorraine a également exprimé son opposition à l'hommage.
Contexte historique et associatif
Philippe Pétain est une figure complexe de l'histoire française : héros de la Première Guerre mondiale puis chef de l'État français sous le régime de Vichy, il a été jugé en 1945 et frappé d'indignité nationale. L'ADMP, fondée en 1951, organise des commémorations en mémoire de Pétain et est présidée depuis janvier 2023 par Jacques Boncompain.
Mesures de sécurité et conclusion
La préfecture a précisé avoir mis en place un dispositif destiné à éviter tout contact physique entre manifestants et participants à la messe. Après l'office, les participants ont quitté l'église et la concentration de manifestants a perduré sur le parvis. Le préfet a annoncé qu'il saisirait le procureur pour examen des éléments relevés lors de l'événement.








