Synthèse
Le 24 octobre 2025, l'agence de notation Moody's a annoncé le maintien de la note souveraine de la France à Aa3 tout en révisant sa perspective de « stable » à « négative ». La décision intervient dans le contexte des discussions sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale et d'une situation politique marquée par l'absence de majorité parlementaire.
Motifs avancés par Moody's
Moody's a justifié la révision de la perspective par plusieurs facteurs liés à la gouvernance et à la politique budgétaire. L'agence a identifié un risque de fragmentation durable du paysage politique français, susceptible d'entraver le fonctionnement des institutions législatives et la capacité du gouvernement à faire adopter des mesures destinées à réduire le déficit et à maîtriser l'endettement. Moody's a également évoqué le risque d'un recul partiel des réformes structurelles, en particulier la suspension ou l'affaiblissement de la réforme des retraites de 2023, dont le coût budgétaire pourrait augmenter avec le temps et peser sur la trajectoire des finances publiques.
Contexte des notations comparées
Avant la décision de Moody's, d'autres agences de notation avaient modifié leur appréciation de la France. Fitch avait abaissé la note souveraine le 12 septembre, et S&P Global avait procédé à une dégradation la semaine précédant l'annonce de Moody's. Ces décisions précédentes ont été motivées par des préoccupations similaires sur la trajectoire budgétaire et l'instabilité politique.
Données budgétaires et trajectoire annoncée
Le projet de budget du gouvernement prévoit une réduction progressive du déficit public, avec un déficit attendu à 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) pour 2025 et un objectif de 4,7 % du PIB pour 2026 dans le cadre du projet de loi de finances 2026. Le gouvernement se déclare engagé à ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB à moyen terme.
Conséquences soulignées par Moody's
Moody's a indiqué que, en l'absence de mesures budgétaires efficaces pour contenir les dépenses ou accroître les recettes, le déficit public pourrait rester plus élevé et plus durable que prévu, ce qui pèserait sur le ratio d'endettement et sur le coût des emprunts. L'agence a aussi estimé que la suspension prolongée de certaines réformes structurelles pourrait réduire l'offre de travail et affecter le taux de croissance potentiel.
Réactions officielles et observations de marché
Le ministre de l'Économie et des Finances, Roland Lescure, a déclaré que la décision de Moody's soulignait la nécessité d'un compromis budgétaire collectif. Des acteurs du marché et des économistes ont noté que les investisseurs traitaient déjà la dette française à des niveaux proches d'une notation A ou A-, et que l'impact financier immédiat sur la soutenabilité de la dette resterait limité tant que les fondamentaux macroéconomiques ne se détérioraient pas nettement.
Situation parlementaire et échéances
La révision de la perspective par Moody's coïncide avec l'examen parlementaire de la partie recettes du projet de loi de finances pour 2026. La Commission des Finances de l'Assemblée nationale a inscrit des modifications et des débats sont en cours, dans un contexte où l'absence de majorité complique l'adoption des mesures fiscales et de dépenses prévues.
Éléments structurels et sectoriels
Moody's a reconnu l'existence d'éléments structurels favorables, citant une économie diversifiée, un secteur bancaire résilient et des finances des ménages et des entreprises globalement solides. L'agence a toutefois considéré que ces atouts pourraient être insuffisants pour compenser les risques liés à l'affaiblissement des institutions et à l'incertitude budgétaire si les blocages persistaient.
Perspectives
La perspective « négative » signifie pour Moody's une probabilité accrue d'une future révision à la baisse de la note si les risques identifiés se matérialisent. La suite dépendra de l'issue des débats budgétaires, de l'adoption ou non de mesures visant à réduire le déficit et de l'évolution du paysage politique national.








