Contexte et organisation des négociations
Les représentants de près de 180 pays se sont réunis à Genève sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour tenter d’élaborer un premier traité mondial juridiquement contraignant visant à lutter contre la pollution plastique. Les discussions se tiennent sur une période de dix jours et réunissent également plus de 600 organisations non gouvernementales, dans un contexte de tensions géopolitiques et commerciales élevées.
Objectifs du traité et difficultés rencontrées
Le projet de traité, en discussion depuis trois ans, vise à réduire la pollution plastique à l’échelle internationale. Le président des débats, le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, a mis en garde sur la complexité du processus et a souligné que la conclusion d’un accord n’est pas garantie. Les précédentes négociations à Busan, en Corée du Sud, tenues à la fin de l’année 2024, s’étaient soldées par un échec, principalement en raison de l’opposition de certains pays producteurs de pétrole.
À la suite de cet échec, la session de Genève, baptisée CIN5-2, a été ajoutée dans l’agenda multilatéral. Dans l’intervalle, d’intenses efforts diplomatiques ont été menés pour tenter de surmonter les blocages et préparer un texte qui aborderait les aspects identifiés comme les plus sensibles, tels que l’interdiction de substances chimiques spécifiques et la fixation de plafonds de production de plastiques.
Implication des acteurs et pression de la société civile
Les discussions sont suivies de près par des organisations scientifiques, la société civile et des ONG, qui participent désormais à des groupes de contacts chargés de négocier les aspects techniques du futur traité. À la veille de l’ouverture des débats, ces acteurs ont appelé à la prise en compte de l’urgence sanitaire et environnementale liée à la pollution plastique.
Impact de la pollution plastique
Des données présentées dans un rapport publié dans la revue médicale The Lancet indiquent que la pollution plastique représente un danger pour la santé humaine, les écosystèmes et la biodiversité. Son impact économique mondial est estimé à au moins 1 500 milliards de dollars par an. Les populations vulnérables, en particulier les enfants, sont jugées particulièrement exposées aux effets de la pollution plastique. Cet enjeu a été mis en avant par divers représentants d’ONG, notamment en République démocratique du Congo, où la pollution de l’eau par les particules plastiques serait à l’origine de maladies.
Actions de sensibilisation, points de vue divergents et perspectives
Pour illustrer les enjeux de ces négociations, une installation artistique a été mise en place devant le siège de l’ONU à Genève. Œuvre de l’artiste canadien Benjamin Von Wong, elle représente une réplique de la sculpture d’Auguste Rodin, "Le Penseur", submergée de déchets plastiques, afin d’inciter les négociateurs à s’intéresser aux conséquences de la pollution sur la santé humaine.
Au cours des débats, des divergences d’opinions ont été exprimées. Les représentants de l’industrie chimique, tels que le Conseil américain de l’industrie chimique, ont souligné l’utilité des produits plastiques notamment dans le domaine médical et alimentaire, affirmant leur nécessité pour la santé publique. À l’inverse, certaines ONG, telles que Greenpeace, ont plaidé pour une réduction significative de la production de plastique afin de juguler la crise environnementale.
Des discussions portent également sur la nécessité d’assurer une "transition juste" dans les pays fortement dépendants de l’industrie pétrochimique, en proposant le développement de filières alternatives telles que le réemploi, le recyclage et la collecte des déchets.
Suites attendues
Les négociations de Genève sont considérées comme une étape déterminante vers l’adoption d’un cadre international contraignant sur la pollution plastique. Leur issue reste incertaine en raison des divergences persistantes entre les États participants et des enjeux économiques liés à la filière plastique.