Signature et report de l’entrée en vigueur
Le président américain Donald Trump a signé le 31 juillet un décret imposant de nouveaux droits de douane sur les importations en provenance de plusieurs dizaines de pays. Initialement prévue pour le 1er août, l’entrée en vigueur de ces mesures a été repoussée au 7 août, afin de permettre aux administrations douanières de s’organiser et, selon certains témoignages officiels, de ménager une dernière phase de négociation avec certains partenaires commerciaux.
Taux appliqués et pays concernés
Les nouveaux droits de douane varient significativement selon les pays. La plupart voient leurs exportations vers les États-Unis frappées d’une taxe générale de 15 %, à l’exemple de l’Union européenne, du Japon et de la Corée du Sud. Le Royaume-Uni bénéficie d’un taux de 10 %. D’autres pays font face à des taux plus élevés, notamment la Suisse (39 %), le Canada (35 %), l’Afrique du Sud (30 %), la Serbie (35 %), et le Laos (40 %). La Syrie est soumise au taux maximum de 41 %. Le Brésil est frappé, hors exceptions, par un taux de 50 %, justifié par l’administration américaine comme une mesure de représailles aux poursuites visant Jair Bolsonaro. L’Inde subit un taux de 25 %, assorti d’une pénalité supplémentaire liée à ses achats d’énergie en Russie.
Exceptions, accords et prolongations
Certains pays ont obtenu des aménagements dans le cadre de négociations spécifiques. Le Mexique bénéficie d’un sursis de 90 jours avant l’application d’éventuelles hausses supplémentaires : les taux actuels de 25 % seront maintenus entre-temps pour les biens non concernés par l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM). L’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud, la Thaïlande (19 %), le Cambodge (19 %), l’Indonésie (19 %) et le Vietnam (20 %) ont négocié des taux ou des exemptions, parfois sectorielles, concernant notamment l’aéronautique ou certains produits agricoles. Taïwan est soumis à un taux de 20 %, avec la perspective de futures baisses conditionnées à des accords ultérieurs.
Justifications avancées par l’administration américaine
La Maison Blanche motive ces mesures par le souhait de « restructurer le commerce mondial au bénéfice des travailleurs américains », invoquant les déficits commerciaux et la nécessité de protéger certains secteurs stratégiques. Pour le Canada, le durcissement des droits est notamment lié à la lutte contre l’introduction de fentanyl et à la réaction d’Ottawa à certaines décisions commerciales américaines. Les mesures touchent principalement les produits n’entrant pas dans les accords de libre-échange en vigueur.
Réactions et conséquences économiques
L’annonce de ces droits de douane a provoqué diverses réactions à l’international. Plusieurs gouvernements, notamment en Asie, ont exprimé leur soulagement pour des taux jugés inférieurs à ceux initialement envisagés ou annoncés. D’autres, comme la Suisse et le Canada, estiment avoir été particulièrement touchés. Les marchés financiers asiatiques ont enregistré des replis notables après l'annonce. De nombreux experts mettent en garde contre un risque de ralentissement des échanges commerciaux et de hausse des prix à la consommation.
Des responsables économiques relèvent que ces mesures pourraient également peser sur les entreprises américaines, certains grands groupes indiquant que la hausse des droits de douane entraînera un renchérissement des coûts de production et, potentiellement, une inflation accrue.
Contentieux juridique
En parallèle à l'annonce, une Cour d’appel fédérale à Washington a entamé l’examen de la légalité du recours du président à ces mécanismes de droits de douane sans approbation du Congrès. La décision attendue pourrait avoir des implications sur la capacité du président à modifier unilatéralement la politique douanière. La Maison Blanche a indiqué qu’elle saisirait la Cour suprême en cas de décision défavorable.
Perspectives et négociations en cours
La plupart des négociations annoncées avec certains partenaires restent ouvertes, amenant la possibilité d’exemptions ou de modifications de taux pour certains pays ou secteurs dans les semaines à venir. Les accords conclus récemment avec différents pays sont dans la grande majorité des cas qualifiés de « cadres généraux » en attente de détails opérationnels. L’évolution des mesures américaines reste donc soumise aux concertations bilatérales en cours et aux développements juridiques internes.