Contexte
Des centres d'escroquerie en ligne se sont développés le long de la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, dans la zone dite du Triangle d'Or. Ces structures abritent des réseaux dédiés à des escroqueries sentimentales et commerciales et emploient des personnes recrutées de façon volontaire ou contraignante. Leur essor a été observé dans un contexte de conflit interne en Birmanie après le coup d'État de février 2021.
Déplacements transfrontaliers
Dans un communiqué publié le 24 octobre 2025, le bureau de l'administration provinciale de Tak en Thaïlande a indiqué que 1 049 personnes avaient traversé la frontière depuis la Birmanie pour rejoindre la ville de Mae Sot entre mercredi et vendredi matin. Le même bureau avait dénombré 677 personnes ayant fui un complexe identifié sous le nom de KK Park jeudi matin.
Les autorités thaïlandaises ont précisé que la majorité des personnes recensées étaient des hommes et de nationalité chinoise. L'administration provinciale de Tak a toutefois signalé la présence de ressortissants indiens, pakistanais, vietnamiens, birmans, thaïlandais et d'une douzaine d'autres nationalités.
Des groupes de personnes ont traversé la rivière Moei à l'aide de petites embarcations ou en nageant avec des objets flottants improvisés pour atteindre la rive thaïlandaise. À l'arrivée, des agents de sécurité thaïlandais ont procédé à des contrôles, fouillé des bagages, récupéré des téléphones portables et regroupé des personnes dans des véhicules pour leur prise en charge.
Une résidente thaïlandaise a rapporté avoir entendu des frappes et des personnes s'exprimant en chinois lors des événements, et a indiqué que certains intervenants étaient armés.
Intervention birmane et mesures prises
Les autorités de la junte birmane ont annoncé une descente dans le complexe connu sous le nom de KK Park. Les médias d'État birman ont indiqué que 118 ressortissants étrangers originaires de 14 pays avaient été arrêtés pour entrée illégale et implication présumée dans des jeux d'argent en ligne et des escroqueries. Les autorités ont également déclaré avoir saisi 30 récepteurs Starlink sur le site.
Le vice-gouverneur de la province de Tak, Sawanit Suriyakul Na Ayutthaya, a indiqué que les personnes arrivées en Thaïlande feraient l'objet de contrôles destinés à déterminer si elles étaient victimes de traite d'êtres humains. À défaut de statut de victime, elles pourraient faire l'objet de poursuites pour franchissement illégal de la frontière.
Communication et mesures techniques
L'utilisation de terminaux de communication par satellite, notamment des récepteurs Starlink, a été signalée comme en augmentation dans ces centres d'escroquerie. Des opérateurs ont indiqué avoir désactivé un grand nombre de ces récepteurs utilisés par des réseaux de cyberfraude ; des autorités étrangères et des entreprises de télécommunications ont pris des mesures pour limiter l'accès à ces dispositifs.
Organisation des réseaux et enjeux régionaux
Les autorités et des observateurs attribuent la gestion de nombreux centres à des groupes criminels d'origine chinoise en lien avec des milices opérant en Birmanie. Ces milices exercent une influence sur certaines zones frontalières et peuvent entretenir des relations avec les autorités locales. La pression diplomatique d'États voisins, notamment de la Chine, sur les autorités birmanes pour réduire ces activités a été signalée.
Des spécialistes estiment que certaines opérations militaires contre ces centres peuvent répondre à des objectifs politiques ou diplomatiques sans viser l'éradication complète des réseaux, en raison d'intérêts économiques et de dynamiques locales.
Estimations économiques
Des estimations publiées antérieurement évaluent les gains générés par l'industrie des escroqueries en ligne en Asie du Sud-Est à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an, une estimation récente chiffrant ces gains à environ 37 milliards de dollars en 2023.
Situation en cours
Les autorités thaïlandaises ont indiqué poursuivre les contrôles et les enquêtes pour établir l'origine des personnes arrivées et déterminer les suites administratives ou judiciaires appropriées. Des investigations complémentaires se poursuivent côté birman pour préciser les actes réalisés lors de la descente menée au sein du complexe identifié comme KK Park.








