Contexte du procès
Bastien Vivès, un auteur de bande dessinée, est accusé par plusieurs associations d'avoir réalisé des dessins à caractère pornographique impliquant des mineurs dans certains de ses ouvrages. Ces accusations concernent principalement deux de ses albums, "La Décharge mentale" et "Petit Paul", qui avaient déjà fait l'objet de signalements en 2018 et 2020 sans suite.
Déroulement de la procédure judiciaire
Le procès s'est ouvert devant le tribunal correctionnel de Nanterre les 27 et 28 mai. Bastien Vivès devait être jugé pour "fixation et transmission en vue de la diffusion d'images à caractère pédopornographique", un délit punissable de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Les maisons d'édition impliquées, Les Requins Marteaux et Glénat, étaient également appelées à comparaître pour la diffusion de ces images.
Décision du tribunal
Le tribunal correctionnel de Nanterre s'est déclaré territorialement incompétent pour traiter ce dossier. La présidente de l'audience, Céline Ballerini, a souligné qu'aucune pièce du dossier ne permettait de confirmer que les faits s'étaient déroulés dans les Hauts-de-Seine. En conséquence, le tribunal a renvoyé l'affaire au parquet.
Réactions et implications
L'avocat de Bastien Vivès, Richard Malka, s'est félicité de cette décision, qualifiant le dossier d'"abyssalement vide" en ce qui concerne la territorialité des faits reprochés. Il a exprimé sa satisfaction quant à la conclusion provisoire du procès. Les éditions concernées, conscientes des accusations portées, avaient auparavant défendu la vocation artistique des œuvres sous enquête.
Contexte artistique et social
Bastien Vivès, dont les travaux sont souvent inscrits dans la tradition de la bande dessinée humoristique et satirique, revendique l'usage de son art pour poser des questions et susciter la réflexion. Plusieurs de ses œuvres ont déjà suscité controverses et indignation, menant même à l'annulation d'une exposition prévue à Angoulême en 2023 en raison de menaces à son encontre.
Suite de la procédure judiciaire
Pour le moment, la situation laisse l'affaire en suspens, le parquet devant décider de la suite des poursuites sans qu'aucune juridiction n'ait repris le dossier à ce stade. Les débats ont mis en avant des questions complexes concernant la limite entre art et législation, contribuant à alimenter un débat public en cours sur la liberté d'expression et la protection des mineurs dans les œuvres artistiques.