Résumé
L'agence Fitch a procédé à une révision de la note souveraine française lors des revues d'automne des agences de notation. Une baisse de la note de AA- vers A+ désigne un basculement de la catégorie dite « haute qualité » vers la catégorie « qualité moyenne supérieure ». Cette évolution aurait des conséquences sur le coût de refinancement, la classification des titres pour certains investisseurs et les règles prudentielles applicables aux détenteurs d'obligations d'État.
Contexte économique et budgétaire
Les éléments disponibles indiquent que, pour 2024, la France présentait un déficit public estimé à 5,8 % du PIB et un ratio dette publique/PIB d'environ 113 %. Plusieurs sources jugent la trajectoire budgétaire insuffisante pour assurer une stabilisation rapide des finances publiques. Fitch avait précédemment assorti la note AA- d'une « perspective négative » et avait placé la France sous surveillance lors d'examens antérieurs.
Plusieurs commentateurs soulignent que d'autres pays européens, avec parfois des ratios de finances publiques comparativement meilleurs, se situent néanmoins à un niveau de notation inférieur.
Contexte politique
Les informations rapportent une période d'instabilité politique liée à une dissolution parlementaire et à la chute d'un gouvernement après un vote de confiance. La nomination d'un nouveau Premier ministre a été évoquée comme un facteur susceptible d'améliorer la visibilité politique et la conduite budgétaire. Des économistes soulignent que la stabilité politique et la mise en œuvre d'un plan d'assainissement budgétaire influencent les décisions des agences de notation.
Processus de notation et calendrier
Fitch a rendu sa décision lors des revues d'automne. Les autres grandes agences, Standard & Poor's et Moody's, disposent de calendriers distincts pour leurs propres examens ; des dates ultérieures ont été évoquées pour leurs évaluations respectives.
Arguments des observateurs
En faveur d'une dégradation : la combinaison d'un niveau élevé de dettes et de déficits, des perspectives budgétaires jugées insuffisantes et l'incertitude politique. En faveur d'une attente : l'absence, sur la période récente, de dérapages budgétaires imprévus et des signes de résistance de la croissance, avec des révisions ponctuelles à la hausse des prévisions de croissance par l'Insee.
Plusieurs intervenants indiquent que les marchés obligataires ont déjà intégré en partie un niveau de risque supérieur, évoquant une « notation implicite » par les opérateurs.
Évolutions observées sur les marchés
Les textes rassemblés signalent une évolution à la hausse des taux d'intérêt sur la dette souveraine française depuis la période précédant la dissolution, avec des taux à dix ans mentionnés autour de 3,5 %. L'écart (spread) entre les taux français et allemands s'est creusé, autour de 0,7 à 0,8 point de pourcentage selon certaines sources. Les marchés peuvent réagir par une hausse de la volatilité et par des mouvements d'arbitrage ; certains investisseurs soumis à des règles prudentielles pourraient ajuster leurs positions.
Conséquences potentielles d'une dégradation
Parmi les conséquences mentionnées figurent :
- Un coût de refinancement plus élevé en raison d'une prime de risque accrue.
- Un changement de catégorie risquant d'entraîner pour certains investisseurs soumis à des contraintes réglementaires une augmentation des provisions ou la sortie de positions sur la dette française.
- Une pression accrue sur les charges d'intérêt de l'État ; une estimation citée évoquait des intérêts annuels de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards d'euros (environ 55 milliards d'euros pour 2025, selon un article).
Le rappel est fait que, même en cas d'abaissement à A+, la dette resterait classée « investment grade » selon la terminologie courante.
Antécédents
La France a perdu la note AAA en 2012. Fitch avait déjà abaissé la note de la France en avril 2023. D'autres révisions par différentes agences ont eu lieu depuis lors, motivées par l'analyse des trajectoires budgétaires et des risques politiques.
Conclusion
La révision de la note souveraine est présentée comme le résultat d'une combinaison d'éléments budgétaires, macroéconomiques et politiques. Les observateurs divergent sur l'urgence d'une dégradation effective : certains la jugent probable au vu des fondamentaux, d'autres estiment que les agences peuvent attendre davantage de signaux politiques ou d'éléments supplémentaires. Les marchés obligataires semblent avoir déjà partiellement ajusté les prix en fonction d'un risque perçu plus élevé.
(Article fondé sur les éléments d'information fournis.)