Mesure annoncée
Le gouvernement a annoncé la suspension, pour une durée de quinze jours, des exportations d'animaux bovins vivants depuis le territoire national afin de limiter la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse chez les bovins. La mesure a été confirmée par la ministre de l'Agriculture lors d'un déplacement dans le Jura et étend la fermeture des marchés à l'export à l'ensemble du pays.
Contexte sanitaire
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie animale signalée dans plusieurs départements français, avec un épicentre signalé en Savoie et Haute-Savoie et des foyers détectés dans l'Ain, le Jura, le Rhône et les Pyrénées-Orientales. Des cas avaient été enregistrés en Italie et en Espagne avant et après l'apparition du virus en France. La DNC est transmise, notamment, par des insectes piqueurs et n'affecte pas l'homme.
Mesures de maîtrise et de prévention
Le plan annoncé comprend le renforcement des contrôles et des restrictions de mouvements des animaux dans les zones réglementées autour des foyers. La vaccination est rendue obligatoire pour les éleveurs refusant de la réaliser, selon les autorités, et les mouvements illégaux d'animaux seront sanctionnés (amendes ou refus d'indemnités d'abattage). Les rassemblements impliquant des animaux (foires, marchés à bestiaux, fêtes agricoles, corridas) sont interdits dans les zones concernées.
Le gouvernement a indiqué avoir commandé jusqu'à 800 000 doses de vaccin à 1,40 euro l'unité. Des opérations de vaccination sur le terrain ont été observées par la ministre lors de sa visite.
Conséquences économiques et logistiques
La France exporte une part significative de jeunes bovins vers des pays voisins, principalement l'Espagne et l'Italie, où ces animaux sont parfois engraissés puis réimportés pour abattage. En 2024, près de 1,3 million de jeunes bovins ont été exportés, pour plus d'un milliard d'euros selon les douanes; la filière animaux vivants et génétique représente environ 2,8 milliards d'euros en valeur exportée.
La suspension temporaire des exportations intervient en pleine saison d'exportation selon des acteurs de la filière et a été présentée par l'administration comme une mesure de précaution avant une réunion prévue au niveau européen, susceptible d'entraîner des restrictions supplémentaires.
Réactions des acteurs agricoles
La FNSEA a exprimé sa surprise face à une décision prise sans concertation et a demandé au gouvernement de revenir sur la suspension, en proposant de conserver l'exportation des animaux vaccinés depuis les zones réglementées. Le président de la Fédération nationale bovine (FNB) a également demandé le rétablissement de la stratégie antérieure.
La Confédération paysanne et la Coordination rurale ont critiqué la politique d'abattage systématique et demandé la vaccination de l'ensemble du cheptel national plutôt que la limitation aux zones réglementées. Ces organisations ont aussi demandé la mise en place de mécanismes d'indemnisation.
Des éleveurs ont signalé des conséquences sur leur trésorerie et sur la valorisation des animaux, et exprimé des craintes concernant l'abattage des troupeaux en cas de détection de cas.
Bilan et suites prévues
Depuis le début de l'apparition des foyers, près de 2 000 bovins ont été abattus selon les bilans communiqués. Le ministère a organisé des réunions avec les acteurs locaux et a réuni un "Parlement du sanitaire" pour coordonner la réponse. Des réunions ministérielles et une rencontre au niveau européen ont été annoncées pour décider des mesures suivantes.